C’est décidé, je porte plainte pour harcèlement !

dépression
J’ai le plaisir d’être l’un de ces chanceux disposant d’une voiture de société. J’ai beaucoup de chance. Et alors ? Les médias (populistes) ont-ils pour autant le droit de me vilipender ? Certaines instances publiques et les partis politiques peuvent-ils, pour la cause, me persécuter sur une base presque quotidienne ?

Je suis un assassin subventionné

L’OCDE dit de moi que je vis au crochet de l’Etat. Selon lui, parce que je dispose de cet avantage, je serais subventionné à hauteur de 2.763 euros par an !

Pis encore : l’OCDE m’accuse d’être un assassin. Ma monture de société, carburant au diesel (en raison des accises sur ce carburant) pollue au quotidien, dans les embouteillages comme ailleurs, et ampute donc à chaque mètre parcouru la santé publique… L’OCDE évoque même des milliers de décès (prématurés). Tout cela à cause de moi et de ma pauvre voiture qui n’a rien demandé à personne !

Tourmenté, j’y songe. Ne devrais-je pas supplier mon patron de mettre un terme à mon contrat de location, en guise de geste civique ? Supportera-t-il mes arrivées tardives, dues aux errances des transports en commun, dues à une famille dont on ne se débarrasse pas comme on résilie un contrat de leasing ?

Impossible de m’y résoudre ! Un autre cas de conscience. Je sais pertinemment que le chemin de fer (pour ne citer que lui) est subsidié annuellement à hauteur de 3 milliards d’euros par l’Etat, car la vente des tickets ne couvre que 25 % des frais de fonctionnement de l’institution… Je serais donc tout autant “sponsorisé” par nos belles institutions fédérales.

A moins que… j’achète ma propre voiture… et je me retrouve à nouveau dans les embouteillages. La moins favorable des alternatives car je polluerai encore davantage en achetant une voiture d’occasion. Evidemment ! Vous pensez vraiment que mon ménage a les moyens de financer une deuxième voiture neuve ? Je ne suis rien de plus qu’un salarié moyen, de la classe moyenne !

La spirale est infernale… et je m’enfonce dans une vilaine dépression.

On veut me supprimer ma voiture

Je suis un vil conducteur de voiture de société. D’aucuns veulent me punir. A l’heure où notre ministre de l’Emploi, Kris Peeters, remet le budget mobilité sur la table, certains partis détricotent le régime de la voiture de société et y puisent pour alimenter les caisses de ce projet de ce budget mobilité.

Jusqu’ici, je pensais que ce budget mobilité servirait à faire table rase, à offrir une base commune à tout travailleur, à tous nous remettre sur un pied d’égalité : ceux qui le veulent et le peuvent panacheront les alternatives ; ceux pour qui, comme moi, c’est vachement plus compliqué, utiliseront (entre autres) une voiture de société.

Nous n’appréhendons manifestement pas tous cette problématique du point de vue de Sirius. Je prends encore un coup sur la cafetière. Le conducteur de voiture de société demeure une cible facile qui n’a que trop rarement droit au chapitre…homme-pointe-du-doigt

Je participe au mal-être de mes congénères

Et voilà maintenant que j’apprends que mes congénères perdent l’équivalent de 905 millions d’euros en termes de bien-être (je ne savais pas que le bien-être pouvait être évalué en argent sonnant et trébuchant). Mon taux de culpabilité crève tous les plafonds. Et les 17 milliards que la voiture rapporte chaque année à l’Etat (dont quelque 3,4 milliards rien que pour les voitures de société – simple règle de trois), et dont une infime partie est consacrée à investir dans le réseau, ne m’aident pas à esquisser un sourire, même forcé.

Et les médias ?

Vous connaissez la raison d’être des médias ? Ils doivent informer le plus justement possible le plus grand nombre possible de gens. Grosso modo un million d’utilisateurs de voitures de société, par rapport à une population d’environ 11 millions, il n’y a pas photo : ces voyous de “voiture-de-sociétards” sont en minorité. Alors les médias Robin des Bois attisent la jalousie de ceux qui ne disposent pas de cet avantage en nature. Un avantage en nature qui est tout aussi avantageux que d’autres, tout en générant bien plus d’envie et de frustration qu’un plan d’épargne-pension, qu’une assurance-groupe ou que sais-je encore. N’oubliez pas que nous sommes des crapules, pour vivre aussi loin de notre lieu de travail.

Harcèlement

Et c’est là que je finis par me reprendre : s’il y a bien une chose que je déteste, c’est la jalousie. Dès lors, je présente publiquement mes plus sincères excuses à la société d’être actif et de ne pas alourdir les statistiques du chômage. Ceci étant dit, je file de ce pas chez un avocat pour porter plainte pour harcèlement, avant qu’on ne m’accuse d’être à l’origine de l’usure des tunnels bruxellois ! Qui sait, peut-être cela suffira-t-il à me sentir mieux face à cette société qui me veut tant de mal…

FLEET Drivers Association

Cette plainte n’aurait donc aucune chance d’aboutir, pensez-vous ? Vous avez sans doute raison ! C’est pourquoi la rédaction de FLEET crée dès maintenant la Business Drivers Community, une communauté rassemblant (idéalement) tous les conducteurs de voitures de société, les seuls à n’avoir jamais voix au chapitre dans le débat houleux sur leur précieux engin… Vous aussi, vous voulez en faire partie ? Inscrivez-vous ici !

#Fleet Management

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