Dieselgate : “N’accusons pas tout le monde !” (FEBIAC)

Voici une carte blanche fournie par Luc Bontemps, Administrateur délégué de la Fédération Belge de l’Industrie Automobile et du Cycle (FEBIAC). Les titres, intertitres et photos ont été ajoutés par la rédaction.

“Le logiciel frauduleux installé par VW sur certains de ses véhicules diesel relance naturellement le débat sur la consommation normalisée et la consommation réelle des véhicules. Récemment, il est encore apparu que la différence entre ces deux valeurs atteint parfois 40% et que le fossé entre la valeur des tests et la valeur réelle s’est creusé au cours des 15 dernières années. De quoi évidemment faire les gros titres : « les constructeurs automobiles mentent de plus en plus à propos de la consommation de leurs véhicules ». Des propos qui méritent à tout le moins d’être nuancés, voire corrigés.

Des tests en labo ?

Il est absolument essentiel que tous les véhicules commercialisés en Europe subissent des tests identiques, standardisés et parfaitement reproductibles – c’est-à-dire en laboratoire. Ce n’est que de cette manière que l’on peut avoir la garantie que chaque marque réalise des tests identiques et que le consommateur peut faire un choix optimal entre les différentes marques, les différents modèles et les différentes motorisations.

Ces tests en laboratoire ont cependant un inconvénient majeur : il est impossible de reproduire le comportement individuel de chaque conducteur européen ainsi que les conditions d’utilisation spécifiques.

En outre, et tout le monde se rejoint sur ce point, les tests collent de moins en moins à la réalité de la circulation et de la technologie des véhicules actuels. Et ce n’est guère étonnant, puisqu’ils datent des années 1980. Le nouveau test en développement se justifie donc pleinement. Il simulera des vitesses plus élevées, davantage de variations de vitesse ainsi que des accélérations plus franches que dans le cadre du cycle de test actuel. Une partie de ce nouveau test se fera toujours en laboratoire, mais d’autres mesures seront aussi réalisées sur la route.

Le secteur automobile estime, tout comme les instances politiques et le mouvement écologiste, que les résultats de consommation (et donc des émissions) de ce nouveau test seront plus proches de la consommation réelle. Mais il ne faut pas se faire d’illusion : le résultat du test ne pourra jamais coïncider parfaitement avec la consommation de chacun ! Il subsistera toujours des divergences importantes. C’est inévitable. On ne peut prendre en compte le comportement du conducteur lors du test, pas plus que la complexité de la circulation en ville et la surconsommation qu’elle engendre.

Ce test, et donc aussi le nouveau test qui s’annonce, demeure avant tout une base comparative et une indication. Lorsque les circonstances le permettent, et si le conducteur fait aussi un effort pour rouler de manière économique, la consommation du test et la consommation réelle sont très proches ou identiques. Ce qui est déjà le cas avec le test actuel.

labo+ 1 litre/100 km

Je me rappelle de la présentation d’une étude néerlandaise, dont la règle empirique était la suivante : une voiture consomme en réalité 1 litre de plus que la valeur définie par le constructeur en laboratoire. Ce « litre de plus aux 100 km » est à mettre sur le compte du conducteur et des conditions de circulation. Et une consommation supérieure de 1 litre semble être une constante.

Si une voiture affichait voici 15 ans une consommation de 9 litres, les voitures neuves actuelles en sont plutôt à 5 litres. En termes de pourcentages, cela fait une énorme différence et le fossé s’est creusé ! Lorsque l’on prend aussi en compte l’évolution des conditions de circulation, avec toujours plus de densité et d’embouteillages, ce « litre supplémentaire » prend tout de suite une dimension bien différente des « mensonges de cette méchante industrie automobile qui nous trompe ».

Besoin de technologies

Enfin, ces dernières années, la pression qui pèse sur les constructeurs automobiles afin de produire des voitures consommant moins et rejetant moins d’émissions a énormément augmenté. Ceux-ci ont apporté diverses réponses pour relever le défi : des moteurs plus efficients, des concepts de motorisation de substitution, des voitures électriques, des hybrides, le downsizing des moteurs, des matériaux plus légers, etc. En tant que consommateur, il est facile d’avoir la preuve de cette évolution.

start-stopMais pour tout remettre en perspective, nous savons aussi que certaines de ces nouvelles technologies, comme le système de démarrage-arrêt automatique, délivrent de meilleurs résultats sur le banc d’essai que sur la route. Cela ne doit cependant pas être une raison de les pointer du doigt ou de les interdire. Au contraire. Nous avons besoin de toutes ces technologies pour continuer à travailler dans le sens d’une mobilité plus propre et durable.

FEBIAC déplore énormément les infractions mises au jour. Elles font du tort à la marque ainsi qu’à l’ensemble du secteur automobile. Dans l’émotion du moment, nous ne pouvons cependant pas faire l’erreur d’accuser tout le monde.

La situation actuelle est particulièrement dommageable pour des milliers, voire des centaines de milliers de travailleurs actifs dans le secteur automobile, qui s’investissent jour après jour pour proposer des produits meilleurs, plus respectueux de l’environnement et plus durables. Ces efforts sont réels et méritent d’être loués. Je ne voudrais pas que l’on oublie ce point dans la crise actuelle.
Luc Bontemps

Administrateur délégué

FEBIAC, Fédération Belge de l’Automobile et du Cycle.

#Auto

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