Dieselgate : “Pas de chute de valeur résiduelle en Belgique” (Eurotax)

Idesbald Vannieuwenhuyze est “Valuation & Forecast Manager Benelux” chez Eurotax, fournisseur d’informations et de solutions à destination de l’industrie automobile. Il nous éclaire sur les réactions potentielles du marché belge quant à ce qu’il est convenu d’appeler le “scandale VW”.

Dans le cadre de la fameuse affaire du “dieselgate”, prévoyez-vous une baisse des valeurs résiduelles des véhicules du groupe Volkswagen ?

Idesbald Vannieuwenhuyze (Eurotax) : Pour l’instant, il n’y a pas encore de premiers signes de ventes-paniques ou de baisse de valeur résiduelle, même si, évidemment, les différents acteurs sur le marché belge – comme les société de leasing – sont en train de remuer leurs sources pour voir si le facteur existe.

Tant qu’il n’y a pas d’impact réatroactif sur le plan légal (au niveau des taxes principalement), il n’y a aucune raison d’anticiper une baisse de valeur. Ces véhicules jouissent donc encore d’une valeur résiduelle très élevée. Le client fait plus confiance à l’image de marque de sa voiture qu’à des chiffres de CO2 qui ne le concernent souvent que très peu. De manière générale, les acheteurs ne s’attardent au CO2 que lorsque incitant fiscal il y a. Tant qu’on ne touche pas à la poche des consommateurs, ni à une interdiction de rouler, il n’y a aucune raison d’anticiper une chute de valeur. D’autant que, si les valeurs de CO2 ont bien augmenté, elles ne vont pas non plus quintupler. Elles vont peut-être augmenter, sans pour autant s’avérer (très) pénalisante.

Même l’ATN n’en serait pas pénalisé ?

IV : Pour l’instant, selon les informations dont nous disposons, rien ne devrait changer, puisque les voitures ont été homologuées sur base d’une certaine valeur. Tant que les valeurs homologuées resteront acquises, il n’y aura pas d’impact. La question est donc celle-ci : va-t-on changer les valeurs ? Le gouvernement belge répond par la négative pour l’instant. Par contre, le logiciel sera retiré de tous les nouveaux véhicules qui doivent encore être mis sur le marché, car il semble que ceux-là devront faire l’objet d’une nouvelle homologation.

Et si on change ces acquis ?

IV : Si on change les acquis, l’impact sera de très courte et moyenne durées. Rappelez-vous : quand on a introduit la TMC début des années 1990, on a vu une baisse de la demande des véhicules plus luxueux ou sportifs qui ne se faisaient pas si rares sur nos routes à cette époque. Mais cette baisse de la demande s’est stabilisée en un an. Par contre, certaines personnes qui avaient un diesel vont sans doute passer à l’essence. Mais il ne s’agira que d’un effet de rééquilibrage, puisque pas mal de gens roule au gasoil alors qu’ils devraient rouler à l’essence.

Même dans les entreprises, il y a de “petits rouleurs”. Pensez-vous que là aussi, on pourrait voir une évolution favorable à l’essence ?

IV : Pour l’instant, le pourcentage d’essence est très faible. D’aucuns admettent cependant que le parc loueurs devrait sans trop de problème atteindre au moins 10 % de véhicules essence, en fonction de l’usage kilométrique pur. Cependant, tant qu’on ne change pas la législation sur la voiture de société, ça reste un véhicule de famille utilisé notamment pour les vacances. Et donc, le diesel devrait garder la préférence des flottes.

Revenons aux valeurs résiduelles. Quid si certains pays agissent en défaveur des véhicules incriminés ?

IV : En Belgique, on exporte énormément les voitures d’occasion. Donc, pour les sociétés de leasing, c’est essentiellement ce qui se passe dans les pays où elles vendent les voitures qui influe sur la valeur résiduelle. Si les pays où ces véhicules sont revendus décident d’interdire la circulation de ces véhicules, il en sera alors terminé de l’exportation. Les loueurs devront alors trouver de nouvelles pistes. Très vite, car ils ne peuvent pas se permettre de garder un stock important de véhicules de seconde main. C’est à ce moment-là qu’il y aura un impact sur la valeur résiduelle, à cause de l’offre.

 

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