Alain Visser – Lynk & Co : « Remplacer les moteurs à combustion par des moteurs électriques, cela n’a rien de révolutionnaire »

Le Belge Alain Visser, CEO de Lynk & Co, a fait des déclarations fortes lors d’un débat organisé par nos collègues de Fleet Europe pendant leur sommet annuel. Nous l’avons interviewé par la suite … et cette conversation, elle aussi, a donné lieu à des prises de position remarquables. Nous vous en donnons quelques-unes, vous pouvez lire l’interview complète dans le numéro de janvier de FLEET.

Au cours du débat, Alain Visser a fait valoir que la transition électrique n’est pas vraiment une révolution durable. Il l’a littéralement qualifié de « connerie », car les constructeurs automobiles n’associent aucune stratégie à cette transition technologique afin d’utiliser les voitures de manière plus durable. Une autre déclaration remarquable : « La voiture de société classique est condamnée. Dans trois ans, elle fera partie, au mieux, d’un budget de mobilité. »

Vous avez vous-même vendu des voitures tout au long de votre carrière – auparavant pour Volvo et Opel – et pendant le débat, vous avez presque eu l’air d’un pécheur faisant une confession publique. Qu’y a-t-il de mal à vendre des voitures, surtout si elles sont meilleures pour le climat et l’environnement ?

AV : (rires) « Je sais que j’ai lancé quelques bombes au cours du débat, mais c’est une industrie qui en a besoin. J’ai deux fils et s’ils me demandaient ce que j’ai fait toute ma vie, je devrais dire : vendre des voitures. D’une part, je suis fier de mon bilan. D’un autre côté, j’ai aussi le sentiment que nous pouvons faire autre chose à l’avenir. Le parc automobile en Belgique – et en fait dans la plupart des pays européens – est à l’arrêt 96% du temps. La solution consiste-t-elle à construire et à vendre toujours plus de voitures ? Même si elles sont électriques, cela ne résoudra pas les problèmes de mobilité si chacun veut posséder sa propre voiture. Il y a moyen de faire autre chose. Le développement durable, c’est aussi et surtout une utilisation plus raisonnée de la voiture. Et c’est ce que nous faisons chez Lynk & Co en liant le concept d’abonnement mensuel à la formule de la sous-location. C’est la première fois dans ma carrière que je travaille sur quelque chose qui n’est pas une obligation corporate. C’est quelque chose en quoi je crois personnellement et qui va à l’encontre de cette industrie automobile arrogante. »

Le concept de Lynk & Co est-il en train de faire son chemin ?

AV: « Beaucoup mieux que ce que nous l’avions espéré. Nous avons même trop peu de voitures à livrer. Notre objectif pour 2021 était de 9.000 contrats, c’est-à-dire des personnes qui louent la voiture au lieu de l’acheter. En Europe, nous sommes actuellement à environ 30.000 contrats. 2.000 rien qu’en Belgique, alors que nous n’avons pratiquement rien fait en termes de marketing et de promotion, à part ouvrir notre clubhouse à Anvers. Un succès inattendu, donc. C’est juste dommage que nous ne puissions pas les livrer assez vite. Il y en a actuellement 4.000 sur les routes d’Europe. »

« C’est la première fois dans ma carrière que je travaille sur quelque chose qui n’est pas une obligation corporate. C’est quelque chose en quoi je crois personnellement et qui va à l’encontre de cette industrie automobile arrogante. »

Vous dites aussi que la voiture de société classique n’a pas d’avenir. Ne sous-estimez-vous pas l’attachement des Belges à leur voiture ?

AV: « Je ne dis pas que tout sera terminé du jour au lendemain. Lorsque nous avons lancé Lynk & Co il y a cinq ans, 10% des clients disaient qu’ils n’avaient plus besoin de la traditionnelle voiture de société. Ils voulaient quelque chose d’autre, plus souple et plus durable à l’usage. Nous constatons que ce chiffre augmente rapidement. Mais je ne peux pas nier qu’aujourd’hui, au moins 80 % d’entre eux veulent encore avoir leur propre voiture, disponible à tout moment. Cependant, la transition a commencé et même si elle se fait progressivement, la mobilité sera au centre des préoccupations. Pas le véhicule lui-même. »

La technologie jouera-t-elle également un rôle dans ce domaine ? Comme les voitures autonomes ?

AV: « Tout le monde parle de la mobilité électrique. Désolé, mais c’est du vent. Remplacer les moteurs à combustion par des moteurs électriques, cela n’a rien de révolutionnaire. Je sais que le défi est technologiquement colossal, mais pas du tout en termes de mobilité. La conduite autonome est une véritable révolution qui va changer l’ensemble de l’industrie automobile. Mais ils ne le réalisent pas encore. Dans 20 ou 30 ans, personne n’achètera de voiture dans les villes. Vous aurez un Uber autonome qui viendra vous chercher où vous voulez. Pas de problèmes de stationnement, pas de frais de service et vous pourrez prendre un verre et vous laisser conduire. Pourquoi achèteriez-vous encore une voiture ? »

#Auto #Mobility

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