Andreas Cremer (CEO Febiac) : “Faites le nécessaire pour nous soutenir dans la transition vers l’électrification”

Il y a une bonne année, en pleine crise du Covid-19, il a eu la tâche ingrate de diriger la fédération de l’automobile et du deux-roues (Febiac) en eaux troubles en tant que nouveau CEO. Mais le ciel s’éclaircit peu à peu et Andreas Cremer et son équipe peuvent à nouveau se tourner vers l’avenir. Avec un Salon de l’Auto en 2022 comme première réalisation importante. Nous nous sommes rendus au siège de la Febiac pour une interview exclusive.

Lorsque D’Ieteren a annoncé qu’il ne participerait pas au Salon de l’Auto, nous avons supposé qu’il n’aurait pas lieu. Finalement, l’annonce de la tenue de ce salon fut une sorte de soulagement. Que s’est-il passé en coulisses ?

AC : “On a lu beaucoup de choses dans la presse, ce qui a donné l’impression que les marques n’étaient pas enthousiastes pour un salon. Rien n’était plus éloigné de la vérité. Nous avons posé nous-mêmes la question à nos membres et la majorité d’entre eux nous a donné une réponse convaincante : nous voulons absolument un Salon de l’Auto en 2022. C’est alors que nous avons pris la décision de continuer à l’organiser. C’est seulement après cela que D’Ieteren a annoncé qu’il ne participerait pas. Nous le regrettons bien sûr, mais nous nous concentrons désormais sur les marques qui ont dit oui avec enthousiasme. Cupra, l’une des marques du groupe D’Ieteren, a entre-temps annoncé sa participation.”

Cela signifie-t-il une relance définitive ? Et y aura-t-il dans les années à venir des “petits” et des “grands” Salons comme avant ?

AC : “Nous n’allons pas nous enfermer dans une formule pour les prochaines années maintenant. En fait, nous voulons que le salon soit aussi large que possible, avec l’opportunité pour tous les membres qui proposent des quatre-roues et des deux-roues de montrer leurs produits en janvier. La grand-messe de la mobilité sous toutes ses formes. Pourquoi ne pas inclure les camions ? Pour la 100e édition, en 2023, c’est certainement quelque chose que nous envisageons. S’il y a un intérêt de la part de ce secteur, nous ne demandons pas mieux que d’en parler pour examiner les possibilités.”

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L’une des conséquences de la crise du Covid : la pénurie de semi-conducteurs, qui entraîne à son tour des retards dans les livraisons de voitures. Quand pensez-vous que le marché reviendra à des livraisons normales ?

AC : “Une voiture moderne contient entre 250 et 300 semi-conducteurs. Certains sont nécessaires pour le groupe motopropulseur et d’autres pour le contrôle de l’électronique comme les caméras de recul, la connectivité, etc. Ce nombre dépend également du modèle et des options. Il s’agit donc d’une question très complexe dont les conséquences sur la production et la livraison sont en fait impossibles à prévoir. Je vois certains médias allemands y coller certaines échéances, mais cela risque de créer des attentes qui ne sont pas objectives. La seule réponse honnête, c’est que nous ne savons pas et ne disposons pas des données précises par marque et par modèle. Avant la crise, le délai de livraison était d’environ quatre mois, maintenant il est de six mois à un an, selon le modèle. En conséquence, les entreprises disposant d’un parc automobile ne peuvent pas se permettre d’attendre que la fin de contrat approche pour passer à l’action. Il faut tenir compte de ce temps d’attente supplémentaire en commandant beaucoup plus tôt que par le passé. Le message est clair : il faut anticiper !”

Les fabricants proposent-ils également des solutions pour raccourcir les délais de livraison ?

AC : “Ils sont – dans la mesure du possible – créatifs à cet égard. Si, par exemple, les clients sont prêts à renoncer à certaines options ou à prendre un tableau de bord analogique au lieu d’un tableau de bord numérique, le délai peut effectivement être raccourci. Certains groupes automobiles se voient également attribuer un quota de semi-conducteurs, qu’ils peuvent ensuite répartir entre les marques de leur groupe. Et là, des choix économiques sont généralement faits. Et les marges les plus importantes ne sont pas réalisées sur les modèles des segments inférieurs. “

La déductibilité fiscale des voitures de société électriques redeviendra dégressive après 2026. Quelle est votre opinion à ce sujet ?

AC : “Dans la logique du budget du gouvernement, je peux le comprendre. Chez Febiac, nous sommes particulièrement heureux qu’il y ait enfin une vision fiscale à long terme pour les voitures de société. Cela garantit la stabilité du secteur. Du moins si le projet de loi, qui doit encore être voté en novembre, est approuvé sans ajustements majeurs. En outre, le prix des VE sera déjà plus favorable d’ici cinq ans, ce qui réduira également le TCO des flottes. Donc, dans l’ensemble, je pense que c’est une mesure juste”.

L’infrastructure de recharge est un maillon important de l’électrification du parc automobile. Faisons-nous suffisamment d’efforts à cet égard en Belgique ?

AC : “Pendant longtemps, les gens ont évoqué le dilemme de la poule et de l’œuf. Cela ne tient plus la route aujourd’hui. Avec 62 modèles entièrement électriques sur le marché belge, on peut dire que l’industrie automobile a pris sa vitesse de croisière. Ce n’est pas le cas de l’infrastructure de recharge publique, qui est à la traîne. On suppose généralement qu’un ratio d’un point de charge pour 10 VE sera nécessaire à mesure que la part des voitures électriques augmentera. Nous en sommes encore loin. Et ensuite, on en vient à discuter de qui doit prendre l’initiative… Bien sûr, il existe un marché important pour les initiatives privées. Mais le gouvernement doit aussi faire sa part. Il ne construira peut-être pas lui-même les bornes de recharge, mais il doit faire tout ce qui est en son pouvoir pour en faciliter la propagation. Cela peut se faire, par exemple, par des incitations fiscales et une administration plus transparente et plus simple. Il faut des mois pour obtenir un permis de construire pour une borne de recharge à Bruxelles. Notre appel aux politiciens est le suivant : aidez-nous. Nous faisons notre part avec la fourniture de VE, alors faites le nécessaire pour nous soutenir dans la transition vers l’électrification.”

#Auto

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