cdH : « Les alternatives ne compenseront jamais la voiture de société »

Le cdH a une vision pragmatique sur le problème de la mobilité. Les humanistes partent en effet du principe que les gens ne vont pas laisser leur voiture de société au profit du transport public. Le parti veut toutefois rendre le passage à ces modes alternatifs aussi attractif que possible.

Les gouvernements belges ont, d’un point de vue historique, toujours soutenu la navette. Autrefois par l’achat d’abonnements de train et aujourd’hui par le biais d’avantages fiscaux pour les voitures de société. Conséquence : le Belge continue à habiter dans son patelin et fait la navette pour aller au travail, une habitude qui, selon le cdH, a la peau dure.

Budget mobilité et habitation

La solution du parti consiste à créer un budget mobilité qui va au-delà de la mobilité pure. Le parti ne veut pas seulement un modal shift de la voiture vers, par exemple, le transport public et le vélo, mais entend aussi veiller à ce que les gens habitent plus près de leur travail.

En ce moment, de nombreux salariés ont un job à Bruxelles, mais ils ne déménagent pas vers la capitale en raison des prix élevés des loyers et de l’immobilier.

Pour cette raison, les humanistes veulent donner la possibilité d’utiliser une partie de l’avantage fiscal des voitures de société pour d’autres modes de transport, mais aussi par exemple pour la location, l’hypothèque ou la garderie. S’il reste de l’argent, il peut être transformé en cash au taux d’imposition normal.

Le parti a déposé la proposition de loi peu après que le parti frère, le CD&V, ne partage sa vision du budget mobilité dans un projet de loi.

Selon le cdH, qui est dans l’opposition au niveau fédéral, mais qui possède en ses rangs le ministre wallon de la mobilité en la personne de Carlo di Antonio, ce plan n’est en effet pas idéal.

Actuellement, la proposition des humanistes est sur la table, même si on ne sait pas encore dans quelle commission elle doit être discutée. On sait entre-temps que quatre compétences sont impliquées : Emploi, Mobilité, Finances et Affaires sociales, donc trois ou quatre commissions parlementaires pourront peut-être discuter de ce sujet.

Puits sans fond des chemins de fer

La possibilité légale de donner du cash constitue, pour les humanistes, le principal problème du budget mobilité. Le parti veut faire bénéficier les gens sans voiture de société du même avantage. 

Le règlement permet en effet aux employeurs de défiscaliser une partie du salaire du personnel bénéficiant d’une voiture de société. Si ce n’est pas le cas pour chacun, vous discriminez les salariés sans voiture de société. Un raisonnement que le Conseil d’Etat a déjà suivi précédemment dans le débat autour de la compensation des écochèques par un salaire net.

Dans leur vision de la mobilité, les humanistes ne voient qu’un rôle mineur dévolu au transport public. Autrefois, des investissements lourds dans l’infrastructure ferroviaire, comme les gares d’Anvers et de Liège, n’ont en effet pas donné les résultats souhaités. Il faut y ajouter que la Belgique est confrontée, depuis les années ‘80 déjà, à une énorme dette publique.

Dans ce contexte, il est difficile de financer de grands projets. Et ce sont précisément ces grands investissements qui sont nécessaires pour rendre le train attractif. Investir dans le rail en ces temps difficiles budgétairement équivaut donc, pour le parti, à jeter de l’argent dans un puits sans fond. Sept Wallons sur dix se déplacent en effet en voiture. Il faudrait un sacré changement pour qu’ils prennent le train.

La cause de cette situation réside, selon le cdH, dans le fait que peu d’alternatives peuvent concurrencer la voiture de société avec carte carburant gratuite. Le gouvernement fédéral a décidé de réduire la déductibilité fiscale pour les cartes carburant. Mais il s’agit là d’une mesure qui ne touche que l’employeur et n’a donc pas d’influence directe sur l’employé qui utilise la carte.

Chaos communautaire

Le cdH est d’avis que les problèmes de mobilité doivent être résolus urgemment, mais constate aussi la complexité du paysage politique belge. De nombreux problèmes d’embouteillages dépassent les frontières des régions qui ont beaucoup de compétences en matière de mobilité.

La Région de Bruxelles Capitale et ses 19 communes est relativement petite, mais les problèmes touchent toute la région autour. Les navetteurs de la région paient toutefois des impôts dans une autre région, créant un trou dans le budget.

Idem pour le transport public. Chaque région possède sa propre société de bus et il n’existe pas de tarifs uniformes pour les liaisons entre les différentes régions. Les abonnements ‘transrégionaux’ n’existent pas non plus.

Le même problème existe pour les sociétés de taxi. Les taxis bruxellois qui amènent des voyageurs à l’aéroport ne peuvent reprendre des navetteurs en retour. Ce droit est réservé aux taxis flamands. Sans parler du chaos légal provoqué par Uber.

Enfin, le parti veut dénoncer la lutte électorale, qui a aussi indirectement un ancrage communautaire. Il existe ainsi une concurrence fiscale entre Anvers et Bruxelles dans le domaine de la mobilité.

L’introduction d’un péage urbain constitue dès lors un grand risque. En plus, la crainte de ne pas être élu est plus grande, chez de nombreux politiciens, que la volonté de résoudre le problème. Un tel péage urbain constitue en effet souvent une mesure impopulaire qui peut être sanctionnée par l’électeur lors du vote suivant.

#Business Driver #Fleet Management #Mobility

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