Ce jour-là, dans la salle du conseil d’administration de Volkswagen :
“Jungs, die Euro Norm, wir schaffen das nicht mehr. Eine Idee, jemand?”
“ Sicher, es gibt so eine Software und …”
“Ok, gute Idee, das machen wir!”
Il pourrait s’agir de la séquence d’ouverture du prochain Dumb and Dumber, mais c‘est hélas la dure réalité. La presque totalité de la planète est donc en colère – à juste titre au demeurant – contre Volkswagen. Moi aussi d’ailleurs, et pas uniquement en raison de la fraude éhontée. Avec ce scandale, les Allemands fournissent aux détracteurs de la voiture suffisamment de munitions pour les dix prochaines années. L’industrie tout entière est stigmatisée. C’est un animal blessé qui voit à présent s’approcher les charognards. Et ils sont nombreux.
L’association politiquement correcte Test-Achats avait déjà donné un coup de semonce la semaine dernière en réclamant à Volkswagen plus de clarté au sujet du « Dieselgate ». Sans compter que les chevaliers blancs de l’égalité pour tous aiment aussi se mettre un peu en avant. Un défenseur « indépendant » des droits des consommateurs qui me spamme avec des pratiques illicites de télémarketing et des tablettes gratuites en échange d‘un abonnement ferait bien de revoir un peu son code moral avant de faire la leçon aux autres.
Il pourrait s’agir de la séquence d’ouverture du prochain Dumb and Dumber, mais c’est hélas la dure réalité.
Transport & Environment, une autre organisation indépendante (d‘où le mot « environnement », mais, non, non, ils n’ont pas de parti pris), a calculé pour nous que la consommation de la nouvelle Mercedes-Benz Classe C est dans la pratique jusqu‘à 50 % supérieure à celle indiquée. Bizarre, parce que nous avons récemment testé la Classe C chez FLEET et nous sommes arrivés à une consommation moyenne de 4,6 l/100 km, soit 0,6 l de plus que la consommation donnée par le constructeur. Non, aucune éco-condition extrême n’entrait en ligne de compte dans nos tests. Il s’agit simplement de la moyenne de quatre conducteurs ayant un style de conduite différent. Indépendamment des résultats de tests falsifiés, il convient de préciser que le conducteur peut, avec son pied droit, contrôler une bonne partie de la consommation et donc aussi des émissions. Dans l’atmosphère inquisitrice qui règne actuellement, l’information circule à sens unique à une vitesse effrénée. La presse grand public fait ses choux gras de ce scandale, mais oublie parfois d’y ajouter une pincée d’objectivité et de nuance.
Racolage vert foncé
Et n’oublions pas l’inégalable Joke Schauvliege, ministre flamande de l’Environnement, qui souhaite intenter un procès à Volkswagen pour avoir contribué à la mauvaise qualité de l’air en Flandre. Cette ambition atteint des sommets en matière de racolage environnemental. Alors là, j’aimerais bien voir comment elle va démontrer devant un juge quelles particules et émissions de CO2 proviennent au juste des maudits produits VW. Peut-être optera-t-elle pour de l’arithmétique brute et sortira-t-elle de son chapeau des moyennes mathématiques pour soutirer un peu d’argent à VW ? Madame Schauvliege ne se préoccupe peut-être pas de la question dans son ensemble, mais les autorités fédérales ont promis il y a quelques jours 130 millions d’euros à Audi Forest pour y construire un nouveau électrique. Enfin, moi je dis ça…
Intenter un procès à Volkswagen pour avoir contribué à la mauvaise qualité de l’air en Flandre. Cette ambition atteint des sommets en matière de racolage environnemental.
Je veux simplement dire que nous ne devons pas non plus être naïfs. Tout le monde sait que l’industrie automobile et le monde politique s’entendent comme larrons en foire depuis toujours. Si le test NEDC en laboratoire ne rimait à rien, l’Europe aurait dû le remplacer depuis des années. Or, les intérêts économiques sont tout simplement trop importants. Rien qu’en Allemagne, 270 000 personnes travaillent pour Volkswagen, sans compter les sous-traitants. C’est un jeu hypocrite d‘un petit groupe de personnes haut placées. Du lobbying à l’excès. Mais que les décideurs de Volkswagen soient assez bêtes pour violer les procédures de mesure (déjà très avantageuses pour le secteur)… Ça, même Angela Merkel ne l’avait pas vu venir.
Résultat : toute l’industrie risque fort de ramasser les morceaux pendant des années. Espérons que de cet affront public ressortira une industrie nouvelle qui informera ses clients avec des chiffres d’émission et de consommation réalistes et honnêtes.
#Auto