Officiellement, sa fonction est celle d’Audit & Fleet Manager chez Carglass, mais au fil des années, Ronny Van Den Driesch a vu son rôle évoluer vers celui de Mobility Manager. L’objectif de trouver le bon équilibre entre mobilité et durabilité est depuis longtemps une priorité stratégique pour le fabricant de vitrage. C’est pourquoi Ronny Van Den Driesch a été élu FLEET & Mobility Manager of the Year 2025.
Ronny, vous travaillez depuis longtemps chez Carglass. Depuis combien de temps êtes-vous là, et quelle est votre fonction ?
“Oui, les années comptent : cela fait maintenant 38 ans que je suis ici ! Mon titre officiel est Audit & Fleet Manager. Mon travail consiste à réaliser des audits internes, allant de l’évaluation des normes ISO à la surveillance des réparations durables. Je suis aussi responsable de la gestion complète du parc automobile, ainsi que de la sécurité, tant pour nos clients que pour nos employés.”
Combien de véhicules comptez-vous aujourd’hui dans le parc automobile ?
“Carglass en possède 174, ce que nous appelons les véhicules de service. Je gère également environ 25 véhicules du centre de distribution EDC. En tout, cela représente environ 200 véhicules.”
Pouvez-vous brièvement expliquer votre stratégie de gestion du parc automobile ?
Nous avons un certain nombre de piliers sur lesquels nous nous basons – pas seulement pour notre parc automobile, mais pour l’ensemble de l’entreprise. D’une part, il y a nos clients et nos collaborateurs. La durabilité est également un pilier clé, tout comme la dimension financière. Carglass veut continuer à offrir un environnement de travail agréable à ses employés. Nous avons 800 collaborateurs, il est donc important que ces derniers puissent rester en poste. Comment tout cela se traduit-il concrètement dans le parc automobile ? Nous cherchons à garantir un haut niveau de satisfaction – à la fois pour nos clients et nos collaborateurs. Nous offrons à nos conducteurs des véhicules sûrs, fonctionnels, de qualité, et durables. Nous investissons donc dans des véhicules écologiques, tout en veillant à ce que cela reste abordable pour Carglass. La gestion du parc automobile, à mon avis, ne peut réussir qu’avec une bonne communication. Un suivi adéquat est essentiel. Mais il faut aussi donner les moyens aux gens, offrir des formations lorsque nécessaire, et s’assurer que les véhicules sont bien équipés, y compris les utilitaires. Nos collaborateurs passent toute leur journée dans ces véhicules utilitaires. C’est pourquoi tous nos utilitaires sont par exemple équipés de séparateurs, pour éviter tout objet volant en cas de freinage brusque. Un rétroviseur d’angle mort est également standard, car la visibilité dans un utilitaire est très différente de celle d’un véhicule particulier.
Votre car policy semble stricte mais juste. Pouvez-vous vous retrouver dans cette description ?
De bonnes règles font de bons amis. Notre car policy vise avant tout à apporter de la clarté. Elle tient en seulement 10 pages, pour être assurément lue. Que ce soit pour les voitures de fonction ou les utilitaires, cela reste un beau bénéfice. En cas de véhicule électrique, le conducteur reçoit également une borne de recharge. Si l’utilisation privée du véhicule de fonction est autorisée, les membres de la famille jusqu’au premier degré, ou les partenaires cohabitants, peuvent conduire le véhicule. Le véhicule de fonction, tout comme la carte de carburant ou la carte de recharge, peuvent être utilisés à des fins privées à l’étranger. En contrepartie de ces nombreux avantages, il existe également des obligations. À mon avis, elles ne sont pas excessivement sévères. Le véhicule doit être utilisé conformément au principe du bon père de famille, il doit être entretenu de manière correcte. Nous fournissons d’ailleurs un budget pour le nettoyage intérieur et extérieur. Les conducteurs doivent avoir le bon permis, respecter le code de la route, et ne pas conduire en état d’ivresse. En cas d’accident responsable, nous intervenons rapidement pour éviter toute récidive. À partir du second accident responsable dans l’année, le salarié est informé par courrier recommandé qu’en cas de nouveau sinistre, une partie de la franchise de 250 euros sera à sa charge.
Donc, il y a bel et bien des sanctions pour ceux qui franchissent trop souvent les limites ?
Je n’aime pas trop le terme ‘sanctions’. Nous nous soucions de la sécurité de nos collaborateurs. C’est pourquoi nous cherchons à les soutenir autant que possible. Depuis 2000, nous offrons des formations Safe Drivers sur base volontaire. Nos collaborateurs ont la possibilité de poser des questions à des instructeurs, tant sur le plan théorique que pratique, avec des sessions sur route. Cette formation ne se concentre d’ailleurs pas seulement sur la sécurité, mais aussi sur la conduite économique et écologique. Depuis 2024, une formation ‘Conduite sûre’ est également obligatoire pour toute personne ayant reçu quatre contraventions dans un certain délai.
Depuis le 1er juillet 2023, tous les véhicules de fonction chez Carglass sont exclusivement électriques. Comment cela a-t-il été perçu par vos collaborateurs ?
Cette transition était en réalité en cours depuis un certain temps, avec des hybrides et des hybrides rechargeables. Mais à un moment donné, notre maison mère, Belron, a décidé que les objectifs de durabilité de toutes ses filiales dans le monde devaient être plus ambitieux. C’est pourquoi, depuis l’année dernière, c’est uniquement du full électrique. Mais en réalité, j’étais déjà en train de travailler là-dessus depuis un certain temps. Par exemple, il y a quelques années, nous avons acheté une VW ID.4 comme voiture de pool. Cela a permis à tout le monde de découvrir l’électrique. Et c’était une bonne décision. De nombreux a priori sur la charge et l’autonomie se sont révélés peu fondés dans la pratique. Cela aide aussi que nous offrons un bon accompagnement. Ceux qui ne viennent pas souvent au siège ou dans les filiales reçoivent une borne de recharge à domicile, suivie par Mobility Plus. L’électricité est remboursée selon les règles. Mais… en plus, il est possible de charger publiquement avec une carte hybride, avec la possibilité de charger rapidement, sans restrictions. Les gens se sentent donc à l’aise.
Carglass propose également des panneaux solaires sur les utilitaires. Pouvez-vous en parler ?
Nous savons tous que l’autonomie des utilitaires électriques n’est pas idéale. Ce que nous ne voulons surtout pas, c’est charger le véhicule chez le client. Cela n’a pas de sens. Le client ne sait pas comment cela fonctionne, ni le coût. C’est pourquoi nous testons actuellement deux véhicules utilitaires électriques équipés de panneaux solaires sur le toit, qui génèrent de l’électricité. Ces véhicules sont soutenus par une batterie gel. Le fourgon roulant, qui est en quelque sorte ce que nous appelons nos utilitaires, fonctionne donc grâce à la combinaison de panneaux solaires et de la batterie gel. Ce sont de petites avancées qui nous aident à devenir toujours plus durables.
Quelles sont les autres dimensions de votre politique de mobilité qui ne sont pas liées aux voitures ?
Avant la crise du Covid, le télétravail n’était pas vraiment une habitude chez nous. Mais nous avons dû nous adapter par nécessité, et nous avons appris que cela peut aussi améliorer le confort de nos collaborateurs. Aujourd’hui, nous organisons beaucoup plus de réunions en ligne et, pour celles qui nécessitent un déplacement physique, nous privilégions des lieux proches de gares. Nous encourageons également le covoiturage. Nous avons aussi un plan de mobilité pour les employés, qui permet de recevoir une vélo électrique ou un speed pedelec. Au début, je n’étais pas vraiment fan des speed pedelecs à cause de la sécurité. Mais nous avons décidé que c’était autorisé, à condition de suivre une formation obligatoire.
Vos clients peuvent utiliser un vélo (électrique) pendant une réparation, mais aucune voiture de remplacement n’est proposée de manière systématique. Cela ne génère-t-il pas de mécontentement ?
La plupart des réparations durent environ deux heures, une voiture de remplacement serait donc plutôt superflue. En outre, la majorité de nos filiales se trouvent à proximité de centres commerciaux. Un vélo est donc idéal comme moyen de substitution. Si jamais un véhicule doit rester plus longtemps et qu’un client demande une voiture de remplacement, nous accédons bien sûr à cette demande. Chaque réduction des émissions de CO2 est bénéfique, mais nous ne perdons jamais de vue la satisfaction du client.
Ce que je ne vois pas dans votre politique de mobilité, c’est le transport public et le budget mobilité. Pourquoi est-ce absent ?
Le transport public est encouragé lorsqu’il constitue une alternative valable pour les courts trajets en Europe. Je l’ai mentionné précédemment, nous organisons nos réunions physiques près des gares. Quant au budget mobilité, il n’y a actuellement pas de demande de la part de nos employés. Notre siège et notre centre de distribution sont à Bilzen, et un expert en mobilité, Traject, a analysé les solutions de transport pour nous. La conclusion était claire : il n’existe aucun transport public qui puisse desservir nos collaborateurs, et la voiture reste le seul moyen de transport réaliste, complété par les speed pedelecs. Comme nous avons une politique de mobilité vraiment axée sur les besoins de nos collaborateurs, un budget mobilité n’a donc pas de sens pour le moment. Cela ne veut pas dire que nous l’excluons à l’avenir.