FLEET Research, partie 4 | Henri de Hemptinne (GDA-Traxio) : “Les bornes de recharge ? Pas un modèle économique pour nos concessionnaires”

Nouveau volet de notre étude concernant l’évolution des ventesq automobiles d’ici 2026-2030. Cette fois, nous nous tournons vers les concessionnaires. Car l’électrification aura également un impact majeur sur eux. C’est que les VE nécessitent moins d’entretien et sont également moins sujets aux pannes. Comment les concessionnaires vont-ils faire face à cette situation ? Nous avons interrogé Henri de Hemptinne, directeur de CIAC et également président du GDA Traxio.

Le paysage des concessionnaires a changé ces dernières années avec une importante vague de consolidation. Comment voyez-vous cette évolution dans les années à venir ?

HdH : « Je suis convaincu que nous ne sommes certainement pas encore à la fin de la vague de consolidation. Toutes les marques le font. Davantage de petits concessionnaires fermeront leurs portes ou seront rachetés. Cette évolution est nécessaire en fonction de la rentabilité et de la viabilité de nos entreprises. Les marges sur les voitures neuves vont encore diminuer. Il en va de même pour les réparations, qui deviendront plus spécialisées. »

S’ajoute maintenant l’électrification du parc automobile. Comment ces tendances vont-elles changer votre secteur ?

HdH : « Ce n’est pas un secret que les VE nécessitent moins d’entretien. Il n’y a pas d’huile à changer, pas de liquide de refroidissement, pas d’embrayage, ni de boîte de vitesses. Ainsi, une grande partie de l’entretien et des réparations disparaîtra avec l’augmentation de l’électrification. Même les freins nécessiteront moins d’entretien car la plupart des modèles hybrides et électriques sont équipés d’un système de freinage par récupération. Si toutes les voitures étaient électriques du jour au lendemain, je devrais réduire mes équipements et mon personnel de 75 à 80%. »

Mais cela ne se fera pas du jour au lendemain. Comment évaluez-vous cette transition ?

HdH : « En effet, ce ne sera pas aussi rapide. La grande majorité des voitures de société seront en effet électriques d’ici 2026. Mais certains continueront à rouler à l’essence ou au diesel parce qu’ils n’ont pas le choix en raison de leur profil de déplacement. Je suis donc certain que certaines entreprises opteront encore pour les moteurs à combustion interne, malgré l’absence d’avantages fiscaux. Mais nous nous rendons également compte que ce ne sera plus le grand volume et que nous aurons de toute façon moins de travail. »

Les statistiques montrent que les voitures de société sont à la pointe de l’électrification. Comment estimez-vous le marché des particuliers ?

HdH : « La transition vers les voitures électriques sera plus lente. L’âge moyen d’une voiture particulière est d’environ 11 à 12 ans. Ainsi, même avec une élimination progressive des moteurs à combustion d’ici 2030, ils pourront encore rouler avec des moteurs à combustion jusqu’en 2040. Le fait qu’ils passent à l’électricité entre-temps dépend d’un certain nombre de facteurs. La gamme de modèles, le prix et les progrès de la technologie (des batteries) constitueront les facteurs décisifs. Car l’une des premières questions que nous posent les particuliers est celle de l’autonomie d’un VE. »

Retrouvez ici les trois premiers volets de l’étude.

Comment le modèle de revenus des concessionnaires va-t-il évoluer dans les années à venir ? La transition apporte également des opportunités …

HdH : « Ce qui va certainement se produire – et se produit déjà – c’est que l’évolution technologique prend son envol. L’accent est désormais mis sur l’électrification, mais celle-ci va de pair avec la conduite (semi-) autonome. Nous accompagnons cette transition, ce qui signifie également que notre personnel suit des formations et passe de plus en plus de spécialistes de la “mécanique” à des spécialistes de l’électronique. Nous voyons également des opportunités dans le domaine de la maintenance et des réparations proactives. Les voitures mesurent déjà elles-mêmes des paramètres ; à l’avenir, ceux-ci seront tous numérisés et envoyés automatiquement. Par exemple, si des capteurs indiquent que les plaquettes de frein sont presque usées, cette information nous parvient et nous invitons le client à les faire remplacer. Une autre possibilité reste la réparation des dommages. Grâce aux systèmes ADAS, le nombre de sinistres majeurs est en baisse, mais les gens continuent de rouler avec des sinistres mineurs. Et ces réparations exigent également des connaissances techniques plus poussées, simplement parce que les voitures d’aujourd’hui sont équipées d’un grand nombre de capteurs et de caméras. La réparation des VE nécessite également des connaissances techniques spécifiques afin de pouvoir travailler en toute sécurité. Notre secteur ne doit donc pas voir l’avenir en noir. Les choses seront différentes, mais le service sera toujours nécessaire. »

Dernière question : les concessionnaires doivent-ils aussi avoir l’ambition d’offrir un service autour des bornes de recharge ?

HdH : « Je ne pense pas. Non seulement c’est trop technique, mais il y a aussi trop de choses à faire pour l’installation. Parce qu’il ne s’agit pas seulement du point de charge, il faut aussi parfois adapter le système électrique du client. Je ne vois pas immédiatement un modèle économique pour nos concessionnaires. Cela ne change rien au fait que nous pouvons faire du conseil grâce à des partenariats avec des spécialistes et prendre une commission. »

#Auto

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