Interview Junction : « La Belgique doit devenir un chef de file en matière de politique de mobilité »

Les créateurs de Junction : Askim Kintziger et Jasper Goyvaerts

Aujourd’hui, les conférences sur la mobilité prolifèrent. Ainsi, ‘Mobility of the Future’ se tiendra bientôt à Brussels Kart Expo, un sommet qui entend se distinguer par les idées jeunes et rafraîchissantes de l’organisation. FLEET.be a rencontré un des deux instigateurs, Jasper Goyvaerts.

Comment prépare-t-on l’organisation d’un tel événement ?

L’organisation demande beaucoup de temps. Nous ne sommes pas des experts en mobilité et ne prétendons d’ailleurs pas l’être. Lorsque nous intégrons un secteur, nous devons donc bâtir la crédibilité nécessaire, réunir des gens autour de nous, développer un processus d’innovation, etc. C’est pourquoi nous optons sciemment pour des secteurs dans lesquels nous nous sentons bien et où nous constatons qu’il existe un besoin de changement. Nous ne voulons certainement pas pointer un secteur du doigt ni affirmer qu’il est sur la bonne voie ou non, mais il est toujours possible d’améliorer les choses. C’est en cela que nous croyons.

Dans le débat sur une meilleure mobilité, on pointe souvent la voiture de société comme étant une des causes des embouteillages.

Alors que le problème est bien plus complexe. Par exemple, vous ne pouvez pas décourager le recours à la voiture de société en supprimant les primes. Ce n’est d’ailleurs pas une question de fiscalité. L’homme aime les habitudes, tout doit être aussi facile et flexible que possible et s’il n’y a pas d’alternative, rien ne se passe. Ce n’est que si vous pouvez formuler une bonne alternative, par exemple dans un concept tel que Mobility as a Service (MaaS), que cela peut fonctionner. Dans cette perspective, une place est dévolue par exemple à l’autopartage. Les voitures autonomes pourront résoudre pas mal de problèmes. Comme celui du parking. Trop souvent, les files et embouteillages sont causés par des gens qui cherchent un parking. Par ailleurs, nous ne pouvons pas non plus perdre de vue l’importance croissante de la multimodalité.

Le développement de la technologie et la résolution des problèmes de mobilité vont donc de pair ?

Il me semble bien, oui. Nous vivons dans une période qui voit la technologie évoluer rapidement et nous savons ce qui va changer. J’espère que la Belgique pourra jouer un rôle de précurseur. De nombreuses start-up sont actives dans le secteur de la mobilité, mais souvent des facteurs externes génèrent un certain blocage, comme les gouvernements qui doivent pouvoir prévoir certaines choses. Aux Pays-Bas et en Allemagne, des routes de test distinctes existent pour les voitures autonomes, ce qui favorisent le développement plus rapide de certaines choses.

Notre structure d’état complexifie aussi les choses. Vous avez ainsi des acteurs – gouvernements, partis, etc. – qui rendent le consensus plus difficile à atteindre. Ajoutez-y les directives européennes et vous obtenez un sérieux écheveau. Nous espérons dès lors que le législateur étudiera ici aussi d’autres exemples et qu’il appliquera les bonnes pratiques, de manière à ce que nous ne prenions pas de retard à ce niveau.

Et dans cet enchevêtrement, vous essayez de montrer à quoi peut ressembler l’avenir.

En effet (rires). Nous essayons de rester neutres dans ce débat et de réunir les points de vue. Nous n’allons pas parler que de voitures, ni dire qu’elles sont bonnes ou pas. Notre but est de réunir tous les acteurs pour arriver à une vision qui peut offrir une solution sans affirmer qu’il s’agit de LA solution salutaire. Nous voulons créer une plate-forme rassemblant les diverses parties prenantes comme les universités, start-up, entreprises établies ainsi que les autorités et administrations locales.

En outre, pendant le sommet, nous ne donnerons pas seulement la parole aux précurseurs locaux. Des experts internationaux partageront également leur vision de la mobilité future. De nombreux problèmes comparables à ceux auxquels nous sommes confrontés se présentent aussi hors de nos frontières, mais ils sont traités de façon totalement différente. Cela peut être très instructif.

Quel but poursuivez-vous avec cet événement ?

Le but est de nous démarquer des autres conférences. C’est pourquoi nous impliquons aussi l’enseignement. Les élèves sont les utilisateurs et les innovateurs de demain. C’est pourquoi nous avons ajouté à notre programme une journée de cours avec une trentaine d’ateliers. Et le succès est au rendez-vous, car les 750 places disponibles ont été attribuées en un temps record. Nous ne pouvons pas nous plaindre (rires).

Ce côté pratique manque souvent dans les conférences. Je suis donc content d’avoir pu y remédier. Souvent, il ne s’agit que d’un exposé, mais on peut difficilement comprendre l’innovation sur un banc d’école, il faut en faire l’expérience.

Vous misez donc beaucoup sur la pratique…

Voiture à l’hydrogène

En effet. De cette manière, nous nous distinguons des autres conférences sur la mobilité. Nous prévoyons ainsi une ‘experience fair’ où les gens pourront vivre et expérimenter ce qu’ils auront entendu pendant les exposés. Il comprend un parcours de test, où les participants peuvent se plonger dans la réalité virtuelle, l’Internet des Objets, des karts électriques, des véhicules à hydrogène, des drones et bien d’autres choses. En outre, ce sera le moment idéal pour les start-up et les scale-up de montrer leurs produits au public. Cet élément interactif manque souvent dans les expos.

Ce raisonnement vaut également pour notre hackathon. En collaboration avec des partenaires industriels, nous relèverons 4 défis dans les domaines de la politique cycliste, du trafic plus intelligent et plus sûr, de l’optimalisation du transport public et de la multimodalité. Des équipes se pencheront sur ces défis et présenteront leurs solutions samedi après-midi à un jury professionnel. Le but est de faire de ce hackathon un point de départ pour continuer à innover dans le domaine de la mobilité : avec nos partenaires et les équipes, nous implémenterons les solutions présentées pour stimuler ainsi l’innovation et la mobilité.

Notez que le sommet ‘Mobility of the Future’ se déroule du 22 au 24 février. La journée d’apprentissage pour les élèves de l’enseignement secondaire est déjà complète, mais il reste quelques places pour la conférence du 23 février et le hackathon qui y est associé.

#Fleet Management #Mobility

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