La Chine mise sur l’Europe pour dominer la conduite autonome

Bloquées aux États-Unis, les entreprises chinoises de véhicules autonomes se tournent vers l’Europe pour tester et déployer leurs technologies, avec l’ambition de conquérir le marché mondial.

Les entreprises chinoises spécialisées dans la technologie de conduite autonome, confrontées à des restrictions sur le marché américain, accélèrent leur implantation en Europe. Elles y établissent des sièges sociaux, concluent des accords sur les données et effectuent des essais routiers, suscitant des inquiétudes chez les concurrents locaux.

En Chine, le plus grand marché automobile mondial, plus de la moitié des voitures vendues — y compris de nombreux modèles d’entrée de gamme — offrent désormais une technologie de conduite autonome, parfois en standard. Pékin pousse ses entreprises à dominer le développement des véhicules autonomes à l’échelle mondiale, tout en définissant des réglementations nationales pour structurer le marché intérieur.

L’Europe, tremplin pour la croissance mondiale

Plusieurs dirigeants d’entreprises expliquent comment l’Europe sert de tremplin à leur expansion internationale, suivant l’exemple des véhicules électriques.

« Nous nous concentrons sur l’Europe pour notre avenir mondial », affirme Dong Li, directeur technique de QCraft, qui prévoit un nouveau siège en Allemagne. « Il existe des barrières sur le marché américain », ajoute-t-il, faisant référence aux inquiétudes de sécurité concernant les données collectées par les systèmes autonomes.

L’Europe offre un cadre réglementaire plus ouvert, même si les systèmes d’assistance à la conduite y restent pour l’instant limités à quelques modèles de luxe.

Une technologie de plus en plus avancée

Selon Canalys, environ 15 millions de voitures vendues en Chine cette année — plus de 60 % — seront équipées de technologies de niveau 2, permettant une conduite automatisée sous certaines conditions mais nécessitant l’attention du conducteur.

En juin, neuf constructeurs ont été autorisés en Chine à tester des systèmes de niveau 3 sur routes publiques, laissant les conducteurs regarder ailleurs dans la plupart des situations.

Concurrence et opportunités

Suite à l’interdiction américaine de la technologie des voitures connectées chinoises, l’Europe apparaît comme un marché stratégique. « L’Europe est le seul marché où elles peuvent venir, elles doivent agir maintenant », explique Tu Le, fondateur de Sino Auto Insights.

Alex Kendall, cofondateur et PDG de Wayve, plaide pour un marché ouvert avec des règles simplifiées. La concurrence chinoise, selon lui, stimulera la croissance d’une industrie encore naissante. « Combien de véhicules autonomes existe-t-il dans le monde aujourd’hui ? Pas beaucoup. Il reste énormément de place pour se développer. »

Présence chinoise au salon de Munich

Lors du salon de Munich, des entreprises comme Momenta, QCraft, Horizon Robotics et DeepRoute.ai ont présenté leurs systèmes à bas prix aux côtés des constructeurs chinois de VE.

Momenta commencera ses essais de niveau 4 avec Uber à Munich, ville d’origine de BMW, partenaire de Momenta en Chine. Ce partenariat est « le point de départ pour un déploiement plus large à travers l’Europe », indique Gerhard Steiger, président européen de Momenta.

DeepRoute.ai partage la même ambition : « L’Europe est un marché énorme, très important pour nous », souligne Maxwell Zhou, PDG de l’entreprise.

L’UE veut harmoniser les règles

Les entreprises européennes testent aussi leurs systèmes, mais la plupart des pays limitent le déploiement public au niveau 2 de base, exigeant que les conducteurs gardent le contrôle en permanence.

La Commission européenne cherche à harmoniser ces règles fragmentées afin de permettre le test et le déploiement de systèmes plus avancés, pour l’instant limités à quelques pays comme le Royaume-Uni et l’Allemagne.

Les start-ups locales s’adaptent

La start-up berlinoise Vay teste la conduite autonome pour des robotaxis et bus en Allemagne et exploite un service de location de voitures à distance à Las Vegas et via Poppy Mobility, apprend-on.

Fabrizio Scelsi, cofondateur de Vay, soutient l’initiative de l’UE et réclame davantage de soutien gouvernemental pour les acteurs locaux tout en accueillant l’innovation étrangère. La concurrence chinoise, dit-il, obligera « les acteurs européens à affiner très rapidement leurs stratégies », alors que la course à la domination autonome s’intensifie.

#Auto #Mobility

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