Lettre ouverte au gouvernement Michel : un patron défend le plug-in hybride !

Monsieur le Ministre,

Paul de Gheldere, CEO NETikA

Nous avons récemment entendu parler d’une annonce de taxation des « fausses Plug-in hybrid (PHEV)».

Comme je dispose d’informations issues d’un constat réel, je vous livre ci-joint quelques données qui – je l’espère – pourront être utiles à votre réflexion.

L’expérience de NETiKA *

Chez NETiKA, à Wavre, nous avons récemment décidé d’abandonner le Diesel, en investissant dans une flotte composée de 27 voitures BMW 225xe « Plug-In Hybrid » et quatre i3 “100% électriques”, toutes livrées cette année.

Notre nouvelle installation photovoltaïque (100 kWc) recharge chaque jour notre flotte. Chaque conducteur d’une voiture plug-in hybride reçoit donc quotidiennement une recharge complète de sa batterie, lui permettant d’effectuer 32 km réels « grâce au soleil ».

Si l’on se base sur un total de 220 jours de charge par an au bureau (ou une recharge à la maison pour ceux qui ne passent pas au bureau), cela représente donc 7.040 km propulsés pour chacun grâce au solaire, avec une pollution directe de zéro gramme de CO2.

Sur base d’une moyenne de 25.000 km par an et par conducteur, cela représente donc 28% roulés sans aucune pollution liée aux gaz d’échappement. Cela fait même 35% des trajets de ceux qui roulent 20.000 km /an. Ce pourcentage est encore plus élevé, pouvant dépasser les 50%, pour ceux qui rechargent de jour au bureau ainsi que le soir à la maison, ainsi que ceux qui effectuent moins de kilomètres.

Nous sommes donc fiers que ces chiffres permettent de lutter efficacement contre la pollution.

« En ville et en agglomération » *

Pour être le plus efficace possible, nous avons aussi demandé à nos conducteurs qu’ils réservent ces 32 km à leurs trajets en ville et agglomération (en actionnant à ce moment le mode 100% électrique), car c’est là qu’il faut éviter de disperser des gaz d’échappement et des poussières de frein.

Il se fait par ailleurs que c’est justement là que le moteur électrique prend tout son sens. En effet, il consomme très peu à faible vitesse, et chaque décélération ou action de « freinage » est mise à profit par un « générateur » qui recharge à chaque fois un peu la batterie, tout en réduisant fortement la sollicitation des freins, et donc la dispersion de poussières de freins.

A l’inverse, comme chacun sait, un moteur thermique consomme beaucoup lorsqu’il roule en ville. La partie électrique d’une voiture Plug-in hybride est donc idéale en zone à forte densité de population, là où l’on veut justement éviter de polluer.

Ensuite, quand on monte sur autoroute, c’est là que le moteur thermique prend tout son sens, puisque c’est à vitesse constante (90-120 km/h) qu’il offre son meilleur rendement, alors qu’au dessus de 90 km/h et à vitesse constante (sans jamais freiner), un moteur électrique consomme plus qu’annoncé.

« Plug-in hybride : LE compromis idéal » *

Chez NETiKA, les Plug-in Hybrides présentent des chiffres de consommation inférieurs à 6 l d’essence aux 100 km, ce qui nous conforte donc dans notre choix d’avoir abandonné le Diesel. En outre, la solution NEOFLEET nous permet de gérer les recharges effectuées grâce au solaire, de rembourser les recharges effectuées à la maison et de suivre l’évolution du coût opérationnel de chaque voiture (TCO). Cela facilite donc grandement la vie du fleet manager.

Pour ces raisons, la double motorisation embarquée dans une voiture plug-in hybride est selon nous LE compromis idéal d’efficacité, lorsque l’on veut cumuler les critères d’anti-pollution et de rendement. Elle permet aussi de ne pas être dépendant de l’électricité, comme l’est une voiture 100% électrique.

Quel est alors le but du projet de loi destiné à taxer ce qui fut appelé « une fausse hybride » ?

En prenant comme exemple le constructeur BMW, les voitures Plug-in hybride des séries 2, 3, 5, 7 et i8 permettent toutes de rouler de 25 à 35 km réels en mode full électrique, et donc de dépolluer les villes, en respectant des objectifs de la COP21.

Le projet du gouvernement vise-t-il les voitures PHEV les plus « haut de gamme », alors que leurs conducteurs vont pourtant payer une grosse TVA, une TMC de 5.000 €, et ensuite un gros ATN ?  Où est la logique ?

Désire-t-on alors occulter le fait que ce sont bel et bien leurs voitures (même haut de gamme) qui polluent le moins en ville (zéro émission de CO2), donc nettement moins que tous ceux qui conduisent une petite voiture Diesel non EV ou PHEV ?

Si l’objectif est par contre de viser ceux qui n’utilisent pas leur voiture hybride comme elle fut conçue, en ne la rechargeant jamais sur le secteur, ne serait-il pas plus juste de cibler la cause et non l’objet, en parlant  alors de « mauvais CONDUCTEUR d’hybride », plutôt que de « fausse voiture hybride » ?

Si c’est bien cela qui est visé, il existe des solutions pour l’identifier.

En effet, pour quelques centaines d’euros, il existe des chargeurs portables (ex : de la société belge Powerdale) transmettant alors à distance les données de chaque recharge effectuée dans la voiture. Ce sont ces mêmes boîtiers que nous recommandons d’ailleurs pour pouvoir rembourser les recharges que les employés effectuent au privé, à leurs frais, pour compte de la société.

Ces données sont archivées sur un serveur (NEOFLEET ou autre), et celui-ci peut délivrer une attestation précisant combien de kWh ont été chargés sur une période donnée (Ex: 1 an). Sinon, cet historique/cette preuve de charge devrait pouvoir aussi être obtenu(e) des constructeurs, puisque la voiture archive ces données pour ses calculs de consommation.

Si c’est bien la conduite non polluante que l’on veut encourager (très peu de CO2, moins de poussières de freins, moins de bruit), il suffira de demander aux conducteurs acquéreurs d’une Plug-In Hybrid « haut de gamme » de joindre tel rapport annuel dans leur comptabilité, pour démontrer qu’ils ont mérité l’incentive fiscal réservé aux véhicules moins polluants que sont toutes les voitures plug-in hybrides selon nous.

Le contrôleur pourra alors très facilement vérifier si une voiture méritait l’avantage fiscal, ou non. Et il est très probable que tous les conducteurs se mettront dès demain à utiliser leurs voitures comme de « vraies hybrides », c’est à dire rechargées chaque jour, pour le bien de tous …

En outre, nous avons constaté qu’un conducteur de voiture de ce type adopte une conduite plus coulée, et moins rapide, car il se prend au jeu d’essayer de consommer le moins possible. Aussi parce qu’il lui plaît de rouler en silence, sous le regard bienveillant des promeneurs.

C’est alors la sécurité routière, la planète et le budget de l’Etat qui s’en porteront mieux.

La voiture 100% électrique peut-elle en dire autant ?

 Si on décourage le consommateur d’investir des « plug-in hybrid vehicles » (PHEV) en le poussant plutôt vers des voitures 100% électriques (EV), on sait qu’on va au devant d’une impossibilité de fournir l’énergie nécessaire à tous les conducteurs.

On semble aussi oublier qu’il n’est pas « budgétairement tenable » de consentir une déduction de 120% à ces voitures lorsqu’en même temps elles ne paient pas d’accises sur l’essence (puisqu’elles n’en consomment pas …)

Par ailleurs – et on n’en parle jamais – la poussée vers le full électrique engendrera une catastrophe socio-économique lorsqu’on constatera (trop tard !!) que tous les garages du royaume vont devoir licencier 50% de leur personnel (tous les techniciens “moteurs”), sinon purement et simplement devoir fermer par manque de rentabilité.

Or, ne nous voilons pas la face : ceci est un état de fait, puisqu’une voiture 100% électrique ne va pratiquement jamais au garage, pour le moteur, ou pour les freins.

« Toute l’industrie automobile européenne mise à mal » *

Pour ceux qui en douteraient, j’invite à se poser les questions suivantes:

  • combien de garages du principal constructeur de voitures 100% électriques (haut de gamme) avez-vous déjà vu dans notre royaume ?
  • combien d’emplois ont été créés en Belgique pour vendre ces voitures depuis 5 ans … ?
  • au Salon de l’Auto, avez-vous déjà comparé la taille du stand de ce constructeur, avec celui de n’importe quel constructeur européen, le nombre de personnes qu’il emploie, etc. ?

In fine, cela risque d’être toute l’industrie automobile européenne qui va être mise à mal si on décide de taxer les plug-in hybrides, tout en privilégiant le « full électrique », puisque l’on risque d’acheter majoritairement des voitures Coréennes, Chinoises, Américaines ou Indiennes, fabriquées à faible coût de main d’œuvre, par les mêmes qui fabriquent les batteries …

En conclusion, qu’est-ce qui contribue le mieux à notre économie, et au futur de nos enfants ?

Est-ce l’encouragement à la vente de voitures 100% électriques, ou bien la vente de Plug-In Hybrides qui continuera à motiver le R&D en matière de moteurs, là où justement les constructeurs européens sont les plus forts ?

Comme le souci principal de mes concitoyens est l’emploi, la pollution et l’équilibre budgétaire, la question qui mérite d’être posée est : Faut-il taxer les voitures plug-in Hybrides, ou plutôt les voitures 100% électriques haut de gamme, qui ne paient pas d’accises carburant et commenceront à mettre nos emplois à mal avant la fin de cette décennie … ?

Si je peux vous être utile dans cette réflexion, par l‘apport de chiffres tirés de notre expérience, ou une démonstration du reporting sur les recharges (production d’une attestation officielle), je suis bien entendu à votre entière disposition.

Dans l’attente, je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de mes meilleurs sentiments.

Paul de Gheldere

CEO NETiKA Group

* Ces titres intermédiaires ont été ajoutés par la rédaction.

#Business Driver #Fleet Management

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