Nico Van Elzen (UZ Brussel) est le FLEET Mobility Manager of the Year 2021

L’an passé, les hôpitaux n’ont pas quitté la une de l’actualité. Et tout le monde a exprimé sa gratitude envers les médecins et le personnel infirmier pendant cette crise sanitaire inédite. Mais un hôpital est aussi une grande ‘machine’ logistique où de nombreuses personnes travaillent dans l’ombre pour en garantir le fonctionnement quotidien. Parmi elles Nico Van Elzen, Environmental-Mobility Manager de l’UZ Brussel, qui a profondément réformé la mobilité dans et autour de l’hôpital ces dernières années. Ce qui lui a valu le titre mérité de FLEET Mobility Manager of the Year 2021, remis en collaboration avec Enterprise Rent-A-Car !

Nico Van Elzen a débuté il y a 11 ans en tant que coordinateur environnemental d’UZ Brussel. Sa première tâche a été de se charger de la demande de renouvellement de licence de l’hôpital, en fait un rapport d’impact environnemental. Ce rapport couvre de nombreux aspects, tels que le bruit, les déchets, l’énergie, la gestion de l’eau … mais aussi la mobilité. Et cela s’est avéré être la plus grosse pierre d’achoppement. Il s’est donc frotté à la question de la mobilité à l’occasion de ce rapport d’impact sur l’environnement. Un sérieux défi en l’occurrence…

Nico Van Elzen : « À l’époque, nous avions des projets d’agrandissement pour de nouveaux bâtiments. Cela signifiait également plus d’employés, plus de visiteurs et plus de patients. En outre, la congestion routière autour de l’hôpital était déjà importante à cette époque. Nous ne sommes qu’à 600 mètres du ring de Bruxelles, mais il n’était pas rare que parcourir cette distance prenne une demi-heure en voiture. Le gouvernement nous a envoyé le signal que nous devions nous aussi trouver des solutions. Nous avons ensuite initié de nombreuses études sur la mobilité, études qui m’ont beaucoup appris. Mon plus grand défi est de faire en sorte que notre hôpital – et par extension le Campus Médecine et Pharmacie de la VUB, également situé sur le site – reste accessible à tous les groupes cibles. »

A droite : Nico Van Elzen (UZ Brussel). A gauche : Christophe Boden (Enterprise Rent-A-Car)

Une nouvelle ligne de tram comme déclencheur 

En 2015, les travaux d’une nouvelle ligne de tram qui s’arrête devant l’hôpital ont débuté. Il a fallu attendre 3 ans avant que cette ligne soit opérationnelle, le chantier ayant dû être réalisé par phases pour garantir l’accessibilité à l’hôpital. La nuisance provoquée par ce chantier a eu pour effet d’encourager davantage les solutions multimodales.

Nico Van Elzen : « Un hôpital doit toujours rester accessible aux différents groupes cibles. En ce qui concerne les visiteurs et les patients, nous pouvons surtout avoir un effet à travers notre politique de stationnement et en communiquant sur l’accessibilité via les transports en commun. Nous disposons de plus d’outils pour réaliser le changement plus rapidement auprès de nos employés. Au cours de cette période, nous avons commencé à faciliter autant de formes alternatives de mobilité que possible. Dans les graphiques d’utilisation de la voiture, nous constatons un fléchissement au cours de cette période. Un grand nombre de ces employés ont conservé leur forme alternative de mobilité après la fin des travaux. »

Historique des déplacements du personnel de l’UZ Brussel. En rouge, le pourcentage d’automobilistes ; en vert, le pourcentage de collaborateurs empruntant un mode de transport durable. (Source : UZ Brussel)

Multimodalité : miser sur plusieurs pistes 

Le vélo 

Attaquer la problématique de la mobilité aux alentours de l’UZ Brussel nécessite un ensemble de mesures. Parmi elles : le vélo. Et – curieusement – la mise en œuvre ne s’est pas déroulée sans heurts à cause des règles fiscales. En fin de compte, UZ Brussel a lui-même fait un geste financier pour intégrer le vélo dans le mix de mobilité.

Nico Van Elzen : « A l’instar des entreprises privées, je voudrais également une grande flotte de vélos en leasing. Cependant, comme notre personnel est payé selon des barèmes, cela n’est pas possible. Vous ne pouvez pas utiliser un salaire brut barémique pour payer le leasing de vélos. Initialement, nous avons solutionné cela en faisant des achats groupés, mais ce n’était pas non plus l’idéal. Ces fabricants de vélos proposent alors de commander un vélo dans un délai déterminé à des conditions intéressantes. Si vous êtes une nouvelle recrue, vous en êtes exclu. Pas idéal. C’est pourquoi nous avons trouvé une solution ‘créative’ en proposant le leasing de vélos à tout le personnel. Celui-ci est financé par le salaire net au lieu du salaire brut. En principe, ce n’est pas intéressant financièrement pour les salariés, mais la direction a fait un geste en assumant la moitié des frais de leasing. Le plafond de cette intervention est de 50 euros. Donc, si l’employé prend un speed pedelec coûteux, il devra payer lui-même une plus grande part. Néanmoins, cela reste une offre avantageuse, car il peut également profiter de l’indemnité kilométrique pour les cyclistes. J’avoue que notre solution est financièrement dans la zone grise. D’un autre côté, les autorités réclament une amélioration de la mobilité, alors que leur propre législation fiscale l’empêche. C’est une contradiction qui pose question. »

Transport public

L’autre voie – évidente – est le remboursement intégral des transports en commun pour les trajets domicile-travail. Ceci s’applique à tous les réseaux et sociétés de transports publics. Si quelqu’un utilise De Lijn, la SNCB et la STIB sur son itinéraire, il recevra un abonnement gratuit pour tous ces modes de transport.

Télétravail

Il est clair que le télétravail n’est pas possible pour le personnel de santé. Mais de nombreuses fonctions, de la comptabilité à l’IT, peuvent s’en accommoder. Nico Van Elzen a fait du lobbying à ce niveau pendant des années, mais il ne rencontrait que peu d’enthousiasme. Avec la Covid comme catalyseur, beaucoup de choses se sont avérées possibles en un rien de temps.

Nico Van Elzen : « Lors du premier confinement, des centaines de nos employés ont subitement travaillé à domicile. Nous avons utilisé cet élan pour cartographier tous les profils entrant en ligne de compte. Le résultat est qu’aujourd’hui 700 collaborateurs télétravaillent structurellement pendant un ou plusieurs jours. C’est une formidable aubaine pour nous en termes de congestion du trafic et de pression au niveau du parking. »

Pas de politique anti-auto

La mobilité alternative est importante, mais Nico Van Elzen insiste sur le fait qu’il ne veut pas stigmatiser l’automobiliste dans sa politique de mobilité : « En tant que coordinateur environnement et mobilité, on vous colle rapidement l’étiquette de quelqu’un qui veut mettre tout le monde à vélo et dans les transports publics. Ce n’est absolument pas vrai dans mon cas. Je suis bien conscient que c’est impossible. Notre hôpital est une entreprise 24/7 avec 150 horaires de travail différents. Le personnel de cuisine commence à 5 heures du matin, le personnel infirmier et les médecins travaillent par équipes, etc. Notre politique est donc : une mobilité alternative pour ceux qui le veulent et le peuvent. Il n’y a jamais d’obligation. »

Et cette approche de sensibilisation et de facilitation fonctionne. Malgré la forte croissance de l’hôpital au cours de la dernière décennie, la proportion d’autosolistes est passée de 89 % à 66 % pour les trajets domicile-travail. Aujourd’hui, 2.640 salariés sur 4.000 utilisent la voiture comme seul moyen de transport. Ce qui semble encore beaucoup, mais c’est déjà un joli changement par rapport à il y a 10 ans, lorsque cette proportion était proche de 90 %.

Le casse-tête du parking

Si l’UZ Brussel compte près de 2.000 places de parking, il en manque toujours, structurellement, 800. En effet, 700 places doivent être réservées aux visiteurs et aux patients, et ce qui reste (1.300) est très insuffisant pour le personnel. En pratique, le principe du ‘premier arrivé, premier servi’ conduit à des effets pervers. Comme ces employés qui arrivent une heure avant le début de leur pause juste pour avoir une place de parking.

Nico Van Elzen : « Nous examinons donc toutes les options possibles pour résoudre ce problème : le stationnement intelligent, le parking pour covoiturage et le parking à distance qui est une des solutions que nous avons déjà mises en œuvre. Celui-ci se situe à environ un kilomètre de l’UZ et les gens parcourent cette distance à pied, avec un vélo pliant ou un scooter. Mais j’admets volontiers que notre politique de stationnement est encore en chantier, d’autant plus que nous devons tenir compte de l’électrification et de l’infrastructure de recharge associée.

L’avenir

Avec ce travail de sensibilisation et de facilitation, l’UZ Brussel a déjà réussi à améliorer significativement la mobilité. Mais Nico Van Elzen ambitionne de renforcer encore cette multimodalité : « Nous voulons nous concentrer davantage encore sur le vélo et son encadrement. Par exemple, nous prévoyons un abri pour 400 vélos avec l’équipement nécessaire, comme une surveillance par caméra et un système de badges. Je crois aussi au covoiturage, qui était plus difficile à mettre en place l’an passé à cause de la Covid. Le défi est surtout technologique. Par exemple, nous voulons intégrer nos 4.000 employés dans une base de données ‘carpool’. Notre propre parking privé de covoiturage avec places réservées constitue également une incitation. Nous ne nous attendons pas à ce qu’il soit utilisé massivement, mais chaque petit geste compte. Cela résume en fait notre politique de mobilité : faciliter, sensibiliser et communiquer. Parce que lorsque vous apportez des changements sur de nombreux fronts en mettant l’accent sur les effets positifs, vous réalisez en fin de compte des gains de mobilité significatifs. »

La politique a aussi sa responsabilité

Pour conclure, Nico Van Elzen ajoute ce commentaire : « L’accessibilité restera une priorité pour nous dans les années à venir. Nous faisons tout ce qui est en notre pouvoir pour améliorer nous-mêmes cette mobilité. Et bien que le gouvernement appuie ces objectifs, je nourris des sentiments mitigés quant à certains choix politiques. SmartMove à Bruxelles et la taxe kilométrique qui y est associée en est un exemple. Nous sommes sur le territoire bruxellois, mais quelques centaines de mètres plus loin, c’est à nouveau la Flandre. Étant donné que nous recrutons principalement en Flandre et dans la périphérie flamande autour de Bruxelles, et que nombre de nos employés, patients et visiteurs viennent de ces régions, une telle taxe ne peut pas aller de pair avec ce que j’appellerais une mobilité ‘équitable’. Un employé qui n’a pas d’alternative réaliste et conduit une voiture de classe moyenne devrait payer 800 euros par an pour venir travailler ici. Pour l’ensemble de notre effectif, cela représente un coût supplémentaire gigantesque. Il en va de même pour les milliers de patients et de visiteurs qui viennent chaque jour dans notre hôpital. En termes d’approche, c’est complètement le contraire de ce à quoi nous aspirons : amener les gens à penser positivement à leur déplacement. Lorsqu’il y a des gains de mobilité, le choix est évident. Des ‘mesures frustrantes’ comme une taxe kilométrique ne feront que générer de l’irritation ! Payer pour venir travailler n’est déjà pas évident pour les entreprises privées bruxelloises. Mais pour un hôpital, avec sa fonction sociale, il s’agit d’un choix politique impossible à justifier, surtout s’il n’est appliqué que dans la Région Bruxelles-Capitale.

Une flotte en leasing de 300 véhicules 

Cela peut surprendre pour un hôpital, mais UZ Brussel dispose également d’une flotte d’un peu moins de 300 véhicules en leasing. Il y a quelques années, la politique de l’hôpital n’était pas de proposer des voitures de société au personnel, mais UZ doit aussi prendre en compte la réalité économique et la rareté des profils spécifiques sur le marché du travail.

Nico Van Elzen : « Un hôpital a également besoin de personnel IT, par exemple. Et dans d’autres secteurs, une voiture de fonction est courante pour ces types de profils. Nous n’avons pas trop le choix, sinon ils iront travailler dans un autre secteur. Nous sommes donc plutôt à contre-courant : pas de réduction, mais plutôt davantage de voitures de société. Avec l’électrification, un autre défi nous attend dans les années à venir. Nous avons maintenant 12 points de recharge, mais ce nombre devra augmenter de façon exponentielle. Et à mesure que la flotte comptera de plus en plus de voitures électriques, nous devrons investir dans une infrastructure de charge intelligente telle que le smart load balancing. Mais même dans ce cas, je crains que nous ne soyons toujours à la traîne parce que la demande sera supérieure à l’offre. »

UZ Brussel en chiffres

  • 4.000 collaborateurs
  • 2.640 ‘autosolistes’
  • 700 télétravailleurs
  • 2.000 places de parking
  • Flotte propre en leasing : 300 véhicules
  • Vélos : 480 ‘cyclistes réguliers’’ + une centaine de ‘cyclistes occasionnels’ (par ex. par beau temps) ; 150 vélos en leasing

#Fleet Management #Mobility

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