Pieter Timmermans (FEB) : “Mobilité sur mesure”

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L’opposition voulait qu’on « s’attaque » à la voiture de société dans le tax shift. Finalement, on n’a rien vu venir. Un soulagement ?

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Pieter Timmermans (FEB) : « Au sein de la FEB, nous avons adopté une position commune : tout ce qui touche aux voitures et à la mobilité devait être écarté du tax shift. »

Pieter Timmermans : « Au sein de la FEB, nous avons adopté – tous secteurs confondus – une position commune concernant le tax shift. Tout ce qui touche aux voitures et à la mobilité doit être écarté. La mobilité doit faire l’objet d’un débat distinct au sein duquel la voiture de société aura sa place. Les politiques ont perçu ce signal important et tenu clairement compte de nos attentes. Cela n’empêche pas que le débat sur la mobilité revêt une très grande importance tant pour la société que pour le monde économique. L’OCDE estime que la congestion du trafic dans notre pays coûte chaque année 8 milliards d’euros à l’économie, soit 2 % du PIB. C’est une somme faramineuse et c’est pourquoi il est nécessaire d’avoir une vision globale de la mobilité. Cela aurait été un peu aberrant et dommage d’en avoir une vision partielle. C’eut été une opération fiscale superficielle à l’égard de la mobilité. Or, la mobilité ne doit pas se réduire à aller chercher de l’argent dans la poche des gens. »

Luc Bontemps : « FEBIAC est également membre de la FEB et il est exact que tous les secteurs sont sur la même longueur d’onde. Au nom de la FEB, nous avons d’ailleurs fait aux autorités des propositions soutenues par tous les secteurs. Les charges sur le travail restent élevées en Belgique et ce gouvernement a clairement fait savoir qu’il n’allait pas imposer un fardeau fiscal ou des pénalités supplémentaires à la population active.

Les voitures de société restent une solution gagnant-gagnant. Elles font non seulement partie intégrante de la politique salariale des sociétés, mais elles constituent aussi la part la plus récente et donc la plus écologique du parc automobile belge. 95 % des voitures de société satisfont à la norme Euro 5 ou Euro 6, alors que 70 % des voitures privées n’y répondent pas. Force est de constater que la législature précédente a déjà appliqué un tax shift avec la réforme de l’ATN.

Heureusement, nous avons pu exercer une pression sur le gouvernement précédent afin que le nouvel ATN reste raisonnable, faute de quoi notre marché automobile se serait effondré. Cette situation s’est produite aux Pays-Bas par exemple. Les Pays-Bas comptent 100 000 immatriculations de moins pour près de 17 millions d’habitants. Néanmoins, l’ATN dans sa forme actuelle a causé pas mal de dommages, car il est essentiellement calculé sur le prix catalogue. Cela constitue un frein pour l’innovation. Les voitures connectées et les voitures électriques ne sont pas bon marché et sont en fait pénalisées trop lourdement, sans parler du segment de luxe sur le marché fleet qui a été décimé, ce qui pèse à nouveau sur la rentabilité du secteur et peut-être même sur les revenus de l’État. »

Pieter Timmermans : « Non seulement la réforme de l’ATN a eu lieu, mais en plus, elle a été remaniée maintes fois au cours des dernières années. Certaines années, elle a même été modifiée à trois ou quatre reprises. Cela ne facilite pas les choses au département des ressources humaines d’une entreprise car cela suscite de nombreuses questions de la part du personnel qui craint pour l’avenir ; d’où notre demande explicite de stabilité aux politiques. »

Quelle place doit-on octroyer à la voiture de société dans cette vision globale de la mobilité ?

Pieter Timmermans : « Nous percevons sur le terrain que les travailleurs attachent toujours une grande importance à la voiture de société, mais qu’ils sont également ouverts à des alternatives comme les transports en commun.

Il ne s’agit donc pas de choisir entre un budget mobilité et une voiture de société. Les questions que nous devons nous poser sont les suivantes. Comment peuvent-ils être conciliés ? Comment peut-on accorder une forme de flexibilité en fonction des besoins individuels ? Le budget mobilité nécessite un cadre fiscal et social, mais doit aussi offrir à chacun la possibilité de se façonner une mobilité sur mesure. Nous allons définir cela au cours des prochaines semaines avec Febiac et d’autres secteurs de la FEB pour faire une proposition globale. »

Une voiture de société suscite de la jalousie chez ceux qui n’en ont pas… Cette affirmation est-elle un peu abusive ?

Pieter Timmermans : « C’est malheureusement le cas et je le regrette beaucoup. Le débat sur les voitures de société est réduit à ceux qui en ont une et ceux qui n’en ont pas. Les autres éléments ne sont pas pris en compte.

On n’entend ou on ne lit pas que ces véhicules sont pour la plupart des outils de travail et sont donc indispensables. On parle de la voiture de société de luxe du chef d’entreprise et celle-ci doit être “attaquée”. Ce genre de caricatures ne permet bien entendu pas de mener un débat serein.

Et last but not least : les différents gouvernements ont donné un sauf-conduit à la voiture de société pendant des décennies. S’ils n’avaient pas appliqué le déplafonnement des cotisations sociales pendant des années, la recherche de formes alternatives de rémunération n’aurait jamais pris un tel essor. Et oui, la voiture de société est un aspect important à cet égard. »

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Luc Bontemps (FEBIAC) : « Il est illusoire de penser qu’on peut la supprimer tout simplement. »

Luc Bontemps : « Pour de nombreuses entreprises, la voiture de société est un incitant essentiel dans la guerre des talents. Il est illusoire de penser qu’on peut la supprimer tout simplement. En outre, la car policy permet d’être directif et de mettre en place des choses positives. Je pense à l’écoconduite, à la conduite défensive, etc. que les entreprises peuvent intégrer dans leur car policy. La caricature du chauffard de voiture de société n’est plus fondée depuis longtemps. »

Il existe de nombreux avantages extralégaux qui présentent un régime fiscal favorable. Si nous remettons en question la voiture de société, ne devrions-nous pas le faire pour tous les avantages extralégaux ?

Pieter Timmermans : « De manière purement théorique, ça pourrait être envisagé. Mais on se trouve devant une réalité et un historique qui ne le permettent pas dans la pratique. Dites aux gens que vous allez taxer davantage leur pension complémentaire, ce sera la révolution ! Il en va de même pour la voiture de société. Comme je dis toujours, on n’avance pas avec la révolution, mais à travers l’évolution. »

#Fleet Management #Mobility

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