
Les banques britanniques sont au cœur d’un scandale financier. En cause : des commissions cachées perçues par les concessionnaires lors de la vente de crédits automobiles. L’affaire pourrait coûter jusqu’à 8,2 milliards de livres, soit environ 9,5 milliards d’euros, au secteur bancaire, selon le plan envisagé par le régulateur britannique, la Financial Conduct Authority (FCA).
Des crédits plus chers que prévu
Depuis 2007, des millions de Britanniques ont souscrit un financement automobile sans savoir qu’une partie des intérêts qu’ils payaient servait à rémunérer le concessionnaire. Ces commissions non divulguées pouvaient atteindre plusieurs centaines, voire milliers de livres. Pire : plus le vendeur faisait grimper le taux d’intérêt, plus sa commission augmentait. Ce système, connu sous le nom de “discretionary commission model”, créait un conflit d’intérêt évident au détriment du client.
La FCA estime qu’environ 44 % des contrats signés pendant cette période pourraient être concernés. Le plan de compensation à l’étude prévoit une indemnisation moyenne d’environ 700 livres, soit près de 810 euros, par consommateur, sur base d’une participation estimée à 85 % des clients éligibles.
Un premier jugement favorable aux banques
Dans un premier temps, les établissements financiers avaient remporté une manche importante. La Cour d’appel britannique avait jugé que les prêteurs n’avaient pas systématiquement violé la loi et que les concessionnaires ne pouvaient être considérés comme des conseillers ayant une obligation fiduciaire envers leurs clients. Ce jugement avait permis aux banques de souffler, du moins provisoirement.
Mais récemment, la Cour suprême a partiellement inversé la tendance. Elle a estimé que certaines commissions cachées pouvaient être si élevées qu’elles rendaient la relation de crédit « injuste » au sens du Consumer Credit Act. Cette décision ouvre la voie à des réclamations individuelles, même si la portée du jugement reste limitée.
La FCA veut un mécanisme clair de réparation
Face à la complexité du dossier, la FCA a lancé une consultation publique jusqu’à la mi-novembre. Son objectif est d’établir un système de remboursement uniforme, évitant une avalanche de procédures individuelles. Si la proposition est validée, elle pourrait entrer en vigueur début 2026.

Le coût pour les banques serait alors colossal : 8,2 milliards de livres d’indemnités (environ 9,5 milliards d’euros) auxquels s’ajouteraient environ 2,8 milliards de livres de frais administratifs, soit un peu plus de 3,2 milliards d’euros. Certaines institutions, comme Lloyds Banking Group, particulièrement exposées au crédit automobile, ont déjà constitué des provisions financières pour y faire face.
Un dossier explosif pour la réputation du secteur
Pour les associations de consommateurs, ce dossier est un nouveau symbole du manque de transparence du système financier britannique. Selon l’avocate Elizabeth Comley, du cabinet Slater and Gordon, qui représente plus de 350 000 automobilistes, cette affaire illustre « des années de ventes de crédits trompeuses ».
Même si les banques ont évité le pire scénario — certaines estimations évoquaient jusqu’à 44 milliards de livres, soit environ 51 milliards d’euros, de dédommagements potentiels —, l’image du secteur sort ébranlée.
La FCA espère désormais solder ce nouveau contentieux sans revivre une hémorragie financière comparable. Mais à mesure que les consommateurs prennent conscience du mécanisme, les réclamations risquent de s’accumuler.
Imaginable en Belgique ?
Une telle pratique est-elle imaginable ou l’aurait-elle été dans un passé récent en Belgique ?
Réponse d’un concessionnaire de premier plan, dont nous conservons l’anonymat : « Je ne le pense pas. La concurrence est rude. Vendre plus cher, avec un taux majoré, n’est donc pas dans l’intérêt du vendeur. Il doit construire une offre adaptée au budget du client pour vendre sa voiture. Vous vous en doutez : le budget de nos clients ne va pas à la hausse et le vendeur doit tirer le taux à la baisse quand il a le pouvoir de faire. Dans de nombreux environnements de marques, cette liberté n’existe pas ou est très fortement réduite depuis longtemps ».
Nous avons également contacté la FMSA, l’Autorité belge des services et marchés financiers, qui nous renvoie elle-même vers le SPF Economie qui n’a pas encore réagi.
#Auto