Voici pourquoi les profits des sociétés de leasing chutent

Les principales sociétés de leasing belges ont vu leur bénéfice net baisser de 40% en 2018. Dans le même temps, leur chiffre d’affaires a augmenté de 6%. L’explication est logique et tient en deux mots : valeur résiduelle. A moins qu’il y ait d’autres explications à trouver ?

L’année dernière, le marché du leasing en Belgique a encore enregistré une croissance significative son chuffre d’affaires de quelque 6%. Et au cours des six premiers mois de cette année, les membres de Renta ont même enregistré une augmentation des commandes de 13% par rapport à la même période l’an dernier…

Pas mal pour un marché mature. Mais cette croissance ne va pas de pair avec une hausse des bénéfices. Au contraire, ceux-ci ont connu une forte baisse en 2018 : 26% de résultat opérationnel en moins (112 millions d’euros) et 40% de résultat net en moins (67 millions d’euros).

Talon d’Achille

Cela s’explique par le talon d’Achille du secteur : la valeur résiduelle. Le Dieselgate a éclaté en 2015 et bon nombre des voitures de leasing concernées arrivent désormais au terme du contrat. Le diesel étant largement plébiscité avant ce scandale, les sociétés de leasing sont maintenant aux prises avec d’importants volumes de voitures en fin de contrat. Les loueurs ne parviennent plus à écouler ces voitures sur le marché de l’occasion aux valeurs résiduelles fixées en début de contrat.

Erwin Ollivier, directeur général d’Athlon, déclare à nos confrères de De Tijd : “Une partie de nos exportations va aux Pays-Bas et en Allemagne, où le sujet des émissions de CO2 sont sensibles et où les villes veulent interdire les voitures diesel. En conséquence, les prix sont en baisse. On le sent bien.”

En moyenne, chez ALD – pour ne prendre que cet exemple -, la perte par véhicule s’élevait à 37 euros en 2017 et… à 342 euros un an plus tard.

Les sociétés de leasing doivent-elles s’inquiéter pour leur avenir ? Les valeurs résiduelles en chute des véhicules diesel n’est pas la seule cause des résultats affichées par les loueurs. L’avenir semble être à l’électrique. Mais en plus d’être plus chers à l’achat, ces véhicules sont affublés d’une valeur résiduelle qui ne relève encore aujourd’hui que de la supputation. Que se passerait-il si, dans les années à venir, des modèles dotés d’une nouvelle technologie de batterie arrivaient sur le marché et décimaient la valeur de la génération précédente ?

Y a-t-il autre chose ?

Et puis il y a le modèle d’affaires lui-même. L’augmentation des embouteillages et le nombre croissant d’entreprises qui attachent une grande importance à la mobilité durable risquent, à long terme, de nuire à l’activité principale des sociétés de leasing.

Erik Swerts – CEO Alphabet Belgium

Erik Swerts, CEO d’Alphabet Belgique, dans un entretien accordé à la rédaction de FLEET.be : “Pour la première fois, nous vivons à une époque où la voiture n’est plus le premier choix pour chaque déplacement. Jadis, la question ne se posait pas : le “tout-à-la-voiture” dominait. Mais en raison de la congestion, le shift vers d’autres solutions est désormais devenu une réalité. Aujourd’hui, pour la première fois, nous sommes confrontés à des gens qui disent : ‘une voiture de société, non merci’. Est-ce que cela perturbe notre modèle d’affaires traditionnel ? Bien sûr ! De nombreuses entreprises de notre secteur sont d’ailleurs en train de se réorienter. Nous aussi. Cette mono-mobilité avec la voiture-reine, c’est fini.”

Erik Swerts ne se laisse cependant pas aller au pessimisme : “Toutes les sociétés de leasing se convertissent en fournisseurs de mobilité. Chez Alphabet, il y a un an et demi, nous avions 50 vélos en location. Aujourd’hui, nous en avons 2.500. Je pense qu’Alphabet a tous les ingrédients pour réussir sur le marché de la mobilité future. Les ingrédients sont là, mais il faut changer la recette. Nous sommes parfaitement placés avec cette connaissance du service aux entreprises et à leurs employés pour offrir ce que le marché exige. Ce sera une histoire d’essais et d’erreurs, mais je ne doute pas nous que nous trouverons un schéma intéressant axé sur la multimobilité.”

#Fleet Management

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