Moteur électrique vs moteur thermique : le gagnant est …

Il existe de multiples études et rapports, souvent contradictoires, sur l’empreinte écologique de la voiture électrique. Le résultat, c’est un dialogue de sourds où partisans et détracteurs de l’automobile électrique se bombardent d’arguments. Mais en définitive, qui a raison ? L’Europe a elle aussi voulu le savoir. C’est pourquoi l’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE) a effectué, à la demande de la Commission Européenne, une étude approfondie. Ce qui a débouché sur un volumineux rapport de 80 pages qui se penche sur le cycle de vie complet de tous les types de véhicules électriques et le compare à celui de véhicules à moteur thermique.

Commençons par laisser provisoirement de côté le débat sur les rejets de CO2 et remarquons qu’au niveau local la voiture électrique présente toujours un meilleur bilan sur le plan de la santé publique. Elle ne produit en effet aucune émission polluante, hormis des particules fines, résultat de l’usure des pneus et des plaquettes ou garnitures de frein. Mais lorsqu’on considère les choses sous un angle plus large, les émissions de CO2 deviennent un facteur important et la controverse sur l’empreinte écologique totale de la voiture électrique rebondit de plus belle. Les sceptiques soulignent la pollution générée par la fabrication des batteries ainsi que la question du mode de production de l’électricité. Parce qu’une voiture électrique rechargée sur un réseau alimenté par des centrales au charbon ne fait que déplacer le problème…

Moins de gaz à effet de serre et il y a encore de la marge …

L’AEE s’est livré à un travail approfondi et cartographie dans ce rapport les différentes étapes de la vie de véhicule: matières premières nécessaires, production, utilisation et fin de vie (recyclage). Précisons d’abord qu’elle s’est intéressée au véhicule électrique dans une acception très large: véhicules électriques à batterie (BEV), véhicules hybrides rechargeables (PHEV), véhicules électriques à prolongateur d’autonomie (REEVs), véhicules hybrides (HEVs) et véhicules à pile à combustible (FCEVs).

L’un des premières choses à noter est que, lors de sa fabrication, le véhicule électrique émet de 1,3 à 2 fois plus de gaz à effet de serre que son homologue à moteur thermique. Mais il compense cela dans une large mesure sur la route. Sur base du mix d’électricité européen (une moyenne de tous les modes de production d’énergie électrique en Europe), la voiture électrique produit de 17 à 21% de gaz à effet de serre en moins qu’une voiture à moteur diesel, et de 26 à 30% en moins si l’on compare avec une voiture à moteur essence. La conclusion du rapport est donc claire: même dans le contexte actuel de production d’énergie, l’avantage va à la voiture électrique. Et parce qu’en Europe la production d’électricité verte progresse à allure soutenue, le rapport estime qu’une voiture électrique sera, en 2050, 73% plus respectueuse de l’environnement qu’une voiture conventionelle.

Santé publique

En ce qui concerne la qualité de l’air au niveau local aussi, les véhicules apportent une amélioration, constate le rapport. Comme le moteur électrique est dépourvu d’échappement, il ne rejette dans l’atmosphère ni oxyde d’azote, ni particules fines, ni dioxyde de souffre. Le mix d’énergie joue à nouveau un rôle important: dans les pays qui produisent encore beaucoup d’énergie “sale”, la différence est plus petite, parce que les centrales électriques au charbon (entre autres) rejettent des polluants dans l’atmosphère.

Les voitures électriques produisent toutefois, à l’instar des véhicules conventionnels, des particules fines qui proviennent de l’usure de la chaussée, des pneus et des plaquettes de frein. Mais elles sont également à l’origine d’une pollution sonore nettement moindre, notamment dans les villes où le trafic est ralenti et même souvent à l’arrêt.

La question de la production

En ce qui concerne l’impact de la production proprement dite de la voiture électrique, les choses sont moins évidentes: le processus de fabrication d’une électrique peut être plus “propre” mais aussi plus “sale” que dans le cas d’un véhicule classique, précise le rapport. Il est clair que la production de la batterie a un impact plus élevé, notamment parce qu’elle exige l’extraction de matériaux comme le cuivre et le nickel. Les batteries contiennent par ailleurs des matières toxiques. L’étude est partie du principe que la technologie qui domine actuellement le marché est celle de la batterie lithium-ion. Mais comme de nouvelles technologies voient le jour (batterie lithium-acide, sodium-ion ou aluminium-ion…), cela pourrait diminuer notablement à l’avenir l’impact environnemental de la voiture électrique. Le rapport mentionne aussi le fait que la Chine occupe aujourd’hui une position dominante sur le marché des matériaux nécessaires à la production des batteries. Ce qui porte en germe un risque de dépendance analogue à celle que nous connaissons aujourd’hui pour le pétrole. Aussi le rapport ajoute-t-il que le recyclage est un paramètre essentiel, que l’on se place d’un point de vue écologique ou économique.

Pour conclure

Maintenant, s’agit-il de l’étude avec un grand “e” qui apporte la réponse définitive à la question de l’empreinte écologique de la voiture électrique? Elle comporte certes des chiffres qui sont favorables à ce type de véhicule, mais d’un autre côté cette étude reste assez vague sur un certain nombre de questions qui sont loin d’être négligeables. Le mix d’électricité en Europe en est une. Un certain nombre de grands pays comme l’Allemagne font toujours appel, pour produire leur électricité, à des centrales au charbon, ce qui a pour conséquence un bilan nettement moins favorable pour la voiture électrique. Or, si la voiture électrique veut déployer tout son potentiel, cela ne sera possible que dans le cadre d’une production d’énergie verte. Et ici l’Europe d’aujourd’hui ressemble à un patchwork faits de taches vertes, mais aussi brunes. Et pour ce qui est du recyclage, le rapport contient surtout des recommandations, mais ne précise pas dans quelle mesure il est pratiqué aujourd’hui, ni de quelle manière. Ce rapport n’est donc pas l’étude ultime, mais il présente suffisamment de chiffres pour nous convaincre que la voiture électrique peut s’imposer à long terme, avec une tranquille conscience écologique.

#Auto

Autres articles récents

Inscrivez-vous maintenant à FLOW, l’e-letter hebdomadaire de FLEET.be !

/ newsletters
La newsletter FLEET Flow est un compte rendu hebdomadaire des dernières nouvelles du monde FLEET.
Recevez l'e-letter
/ magazine
Vous préférez un magazine papier ? Recevez gratuitement notre magazine bimestriel FLEET dans votre boîte aux lettres !
Recevez le magazine