E-Car 333 : l’e-mobilité et sa règle de trois à la Belge

Tomber dans la marmite à pétrole à la naissance et se tourner un demi-siècle plus tard vers une énergie alternative qui se veut moins polluante, c’est bizarre, non ? C’est pourtant le revirement à 360 degrés effectué par Xavier Van der Stappen. Le résultat ? E-Car 333 !

Le père de Xavier Van der Stappen était dingue de technologie automobile. Ingénieur de formation et commandant de bord à la Sabena, il s’amusait à refaire des voitures à partir de carcasses. « Dès mon plus jeune âge, je l’ai aidé dans sa passion », se souvient le quinquagénaire originaire de Waterloo.

Xavier s’oriente vers l’ethnographie qui l’amènera à vivre une vingtaine d’années en Afrique. « J’y ai beaucoup travaillé sur la relation entre l’homme et l’environnement. C’est là que j’ai ouvert les yeux sur notre dépendance à certaines sources naturelles, notamment le pétrole. Il est stupide de brûler du pétrole comme on le fait. Dans certains pays africains, ils produisent l’électricité à partir de cet or noir. Or, les coupures sont fréquentes. Ils n’ont donc aucun problème à s’équiper et à penser aux énergies alternatives, notamment en termes de mobilité. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, ils roulent avec des voitures de deuxième ou troisième main que nous leur expédions. Et pour nous, il n’y a aucune raison que ça change : leur donner accès aux composants automobiles reviendraient à leur ouvrir la porte à une production bien moins chère… »

Vision « locale »

Toujours dans le cadre de son métier, Xavier Van der Stappen monte des expositions sur le changement climatique et les nouvelles technologies. « De fil en aiguille, pour illustrer ces expositions, je me suis amusé à développer quelques prototypes de véhicules électriques », raconte l’intéressé. « En 2009, j’ai relié Bruxelles à Dakar à l’aide d’un prototype électrique de 40 kilos pour 200 km d’autonomie à 50 km/h. Un an plus tard, je partais de Copenhague, direction Cape Town, avec un proto de 80 kilos affichant une autonomie de 400 km pour une vitesse de pointe de 110 km/h. »

Le Waterlootois aurait pu le passer le reste de sa vie à confectionner des prototypes en forme de gros suppositoires. Mais il est plus ambitieux que cela. « J’ai voulu participer davantage à l’avancée du projet d’e-mobilité, en respectant une logique : produire localement un véhicule propre avec des ressources locales, pour un marché local. » C’est le point de départ du projet qui donnera naissance à l’E-Car 333, un modèle 100 % électrique et, surtout, 100 % belge.

De l’I-Care à l’E-Car

En 2010, le célèbre architecte et designer belge, Pierre Lallemand, dessine un premier véhicule urbain, notamment avec des portes-papillons. Séduisant, ce dessin s’est avéré être techniquement trop ambitieux. « Nous avons quand même assemblé un véhicule en 2012. Son nom : I-Care Racing. Il a roulé 40.000 km sur le circuit de Zolder pour valider certains choix techniques. » C’est notamment le même moteur et le même régulateur de batterie qui est utilisé aujourd’hui pour l’E-Car, dont la maquette grandeur nature a été présentée en janvier 2015 au Salon Dream Cars.

A partir de là, tout s’est enchaîné très vite. « Nous avons créé la société ‘ECAR Belgian Green Vehicle’ en mars et trouvé les investisseurs (belges) en mai. Et aujourd’hui, tout le monde se retrousse les manches pour être prêt à présenter trois modèles au Salon de Bruxelles, en janvier prochain. Il s’agira en réalité de trois premières mondiales, sur un châssis unique : l’E-Car 333 dans sa version définitive, une version roadster de luxe avec une autonomie de 300 km et intérieur cuir ainsi qu’une version cargo, puisqu’il s’agit d’un Salon du Véhicule utilitaire. »

Dites « 333 » !

On comprend aisément le choix du nom E-Car. « Le véhicule électrique peut être utile à partir du moment où on le considère comme un outil de stockage d’électricité surproduite la nuit et dont on ne fait rien. Les centrales électriques et les éoliennes ne s’arrêtent pas la nuit. Et on ne sait pas revendre cette production. On est sur une logique de 2,5 heures de charge sur n’importe quelle prise conventionnelle pour une autonomie de 100 km. »

Mais pourquoi 333 ? La réponse est simple : jusqu’à 300 km d’autonomie, 3 roues pour plus d’efficacité énergétique et de stabilité et 3 places, même si l’E-Car est désormais déclinable en buggy et roadster 2 places, mais aussi en 4 places pour un usage familial.

La carrosserie de l’E-Car 333 est composée de lin stratifié. Le châssis est en acier recyclé et le bas de caisse technique en plastique de récupération. « Nous avons développé nous-mêmes notre propre circuit électronique, ce qui nous permet d’envisager des systèmes de sécurité propres (système anti-endormissement, gestion des distances avec le véhicule avant et arrière, etc.). »

Avec ce véhicule, la société cogérée par Xavier Van der Stappen et Thierry Deflandre (bien connu pour avoir dirigé, notamment, le circuit de Zolder) vise en priorité les flottes de collectivités et des entreprises, ainsi que les sociétés de leasing. « Celles-ci sont souvent prudentes par rapport aux batteries. Nous avons la solution : notre fournisseur de batteries dispose d’un plan de deuxième vie pour ces batteries, puisqu’il est aussi actif dans le panneau solaire notamment. Nous pourrons donc louer les batteries, réduisant ainsi le prix de vente pour arriver au tarif d’une petite citadine. »

En 2017, ECAR Belgian Green Vehicle espère vendre une cinquantaine d’exemplaires de son modèle. A découvrir à Brussels Expo !

#Auto

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