
À une époque où les voitures électriques ne bénéficiaient encore d’aucun véritable soutien politique ou sociétal, Nissan a pris une décision audacieuse en 2010 avec la première LEAF. Ce modèle, abordable, pratique et fiable, a prouvé que la conduite électrique pouvait être non seulement envisageable, mais aussi confortable et fonctionnelle. On en oublierait presque que ce pionnier évoluait autrefois sur un marché de niche.
Quinze ans plus tard, Nissan perpétue cette tradition avec la troisième génération de la LEAF : plus moderne, mieux connectée et plus efficace que jamais. Un modèle destiné à séduire tant les particuliers que les entreprises.
Premières impressions

La nouvelle LEAF affiche une allure plus musclée et profilée que son prédécesseur. Avec un coefficient de traînée (Cx) de 0,25 et un soubassement entièrement plat, elle obtient d’excellents résultats en aérodynamisme. Sa longueur de 4,35 mètres la rend 14 centimètres plus courte que la version précédente, sans que cela se fasse réellement sentir à l’intérieur.

Les personnes de grande taille disposent d’un bon espace pour les jambes, bien que leurs genoux puissent parfois heurter la console centrale rigide. À l’arrière, l’espace pour les pieds et la tête est limité — comme c’est souvent le cas dans les SUV coupés. Typique aussi : la position d’assise surélevée qui offre une vue dégagée sur la route.

La LEAF combine des finitions premium, tissus recyclés et matériaux doux au toucher avec des plastiques plus rigides. La planche de bord est moderne et minimaliste, mais les gros boutons carrés pour P, R, N et D, situés sur la console centrale flottante attirent inévitablement l’attention. Ils remplacent le levier ou la molette traditionnels et rappellent les grosses touches des téléphones destinés aux seniors. Peu élégants sur le plan esthétique, ils sont néanmoins pratiques et faciles à utiliser, même avec des gants d’hiver.

Le coffre est un peu moins pratique à cause de la ligne de toit plongeante. Avec la banquette en place, le volume est de 437 litres, et il atteint 1.052 litres une fois les dossiers rabattus. Il n’y a pas de coffre avant (« frunk »), mais les câbles peuvent être rangés sous le plancher du coffre.

Technologie et connectivité
La nouvelle LEAF excelle en matière de connectivité. Un affichage tête haute (HUD) et deux écrans de 14,3 pouces présentent la navigation, les médias et les données du véhicule en temps réel. Google Maps est optimisé pour les véhicules électriques, avec une planification d’itinéraire tenant compte des points de recharge et du préchauffage de la batterie pour une efficacité maximale.
Apple CarPlay et Android Auto sont intégrés de série. Chaque version est aussi équipée du système 3D Around View Monitor, qui fournit une vue virtuelle à 360° autour du véhicule — très pratique pour se garer ou effectuer des manœuvres complexes. Et pour ceux qui veulent garder les mains sur le volant : Google Assistant répond à de nombreuses commandes vocales pour la musique, la navigation, etc.

La LEAF est aussi largement personnalisable. La multitude de paramètres peut sembler déroutante au début, surtout quand on cherche quelque chose de précis, mais elle permet de configurer la voiture exactement selon ses préférences. Notre modèle d’essai disposait même de haut-parleurs Bose intégrés dans les appuie-tête, permettant à la navigation vocale de ne pas passer par les portières. Original.

Performances et efficacité
Nissan propose la nouvelle LEAF avec deux packs de batteries : 52 kWh et 75 kWh (valeurs nettes). Selon le cycle WLTP, cela correspond respectivement à une autonomie de 440 km et 622 km. Lors de notre essai — trois adultes à bord, conditions de conduite mixtes, température extérieure de 11 °C — nous avons relevé une consommation légèrement supérieure à 15 kWh/100 km, proche de la moyenne officielle de 13,8 kWh/100 km.

Avec un chargeur AC de 11 kW, la recharge de la batterie de 52 kWh prend environ 6 heures ; il faut une heure de plus pour la version 75 kWh. En courant continu (DC), la charge est nettement plus rapide : le modèle de base accepte jusqu’à 105 kW, contre 150 kW pour le plus gros modèle. De 20 à 80 %, la recharge prend moins de 30 minutes dans les deux cas. Une demi-heure de charge rapide suffit pour récupérer jusqu’à 420 km d’autonomie avec la grande batterie.
Confort de conduite
La LEAF utilise la plateforme CMF-EV déjà éprouvée sur le Nissan Ariya. Résultat : un comportement stable et un excellent confort de roulement. Les irrégularités de la route sont bien absorbées, malgré les jantes de 19 pouces de série. La direction est un peu ferme, mais reste précise et agréable.

La version 75 kWh, forte de 217 ch et 355 Nm de couple, accélère sans effort. Le 0 à 100 km/h est abattu en 7,6 secondes, et la vitesse maximale est limitée à 160 km/h pour des raisons d’efficacité énergétique. La capacité de remorquage de 975 kg convient aux petites remorques ou caravanes légères — pour un transport supplémentaire, on peut utiliser un porte-bagages de toit ou d’attelage.
Aides à la conduite
Le système e-Pedal Step de la nouvelle LEAF permet un freinage régénératif qui remplace en grande partie le frein classique. Pour s’arrêter complètement, il faut toutefois utiliser la pédale de frein. Quatre niveaux de régénération sont disponibles via des palettes au volant et offre une utilisation intuitive. Le système Intelligent Distance Control maintient automatiquement une distance de sécurité.

Notre véhicule d’essai était également équipé du ProPILOT Assist avec Navi-Link, qui combine le régulateur de vitesse adaptatif à une aide au maintien dans la voie. Il prend en compte les limitations de vitesse, ralentit automatiquement dans les virages et adapte la vitesse en fonction du trafic en temps réel. Un gain de confort et de sécurité appréciable, notamment sur les longs trajets ou les autoroutes encombrées.
La LEAF comme source d’énergie
L’un des points forts de la LEAF est sa fonction Vehicle-to-Load (V2L) avec une puissance de 3,6 kW qui permet d’alimenter des appareils électriques. Grâce à une prise intégrée et un convertisseur, l’électricité DC de la batterie est transformée en courant AC standard. Jusqu’à 1 500 watts peuvent être fournis simultanément.
Avec le système Vehicle-to-Home (V2H), la LEAF peut être connectée à une habitation pour fournir de l’électricité aux appareils essentiels en cas de panne de courant. Le système de gestion d’énergie domestique (HEMS), basé sur l’intelligence artificielle, permet une coordination optimale entre les panneaux solaires et la batterie, tandis que le système de stockage d’énergie (ESS) peut alimenter des bâtiments résidentiels ou commerciaux, voire lisser les pics de consommation.
La LEAF est également compatible avec le Vehicle-to-Grid (V2G), ce qui permet de réinjecter de l’électricité dans le réseau. Une option intéressante pour les entreprises cherchant à optimiser leur gestion énergétique.

Conclusion
Grâce à sa combinaison de technologies avancées, une consommation faible et d’une autonomie impressionnante, la nouvelle Nissan LEAF a tout pour s’imposer à nouveau. Elle peut aussi servir de source d’énergie mobile, un atout de taille pour convaincre les plus hésitants.
Les prix en Belgique ne sont pas encore connus, mais aux Pays-Bas, la version d’entrée de gamme débute à 36.000 euros, et celle avec la batterie de 75 kWh à 41.000 euros. Ce positionnement tarifaire en fait une voiture électrique accessible et bien placée pour rivaliser avec des modèles comme la Hyundai Kona Electric ou la Renault Mégane E-Tech — tout en offrant une autonomie supérieure.

















