Philippe Quatennens : “Diesel : le summum de l’hypocrisie”

Pendant 20 ans, la Belgique a tout fait pour promouvoir le diesel. Jusqu’à il y quelques années, le gouvernement octroyait même des primes aux particuliers. Les moteurs diesel sont plus sobres que les moteurs à essence, leur taux d’émissions de CO2 est inférieur et leur durée de vie est plus longue.  Mais on ne peut pas nier le problème des émissions de particules fines et d’oxyde d’azote. Mais il y a aussi beaucoup d’intox sur les diesels actuels. Les politiciens font la sourde oreille, trop occupés à promouvoir les véhicules électriques. Je ne peux que me réjouir de l’avènement de motorisations alternatives. Mais en attendant, il faut garder le sens des réalités. La part de marché des véhicules électriques reste marginale, tant chez les particuliers qu’au sein des flottes. Si cela pouvait rapidement évoluer dans le bon sens, ce serait tant mieux. Mais ça ne veut pas dire pour autant qu’il faille diaboliser les conducteurs qui souhaitent rester fidèles au diesel. C’est pourtant ce que fait désormais la Région bruxelloise en annonçant l’interdiction du diesel à l’horizon 2030. L’incongruité de ce genre de plan continue à me sidérer. En interdisant l’accès au territoire bruxellois à tous les véhicules diesel, on risque de se retrouver très vite face à un cimetière économique.

“En interdisant l’accès au territoire bruxellois à tous les véhicules diesel, on risque de se retrouver très vite face à un cimetière économique.”

Et qu’adviendra-t-il des personnes ayant récemment acheté une voiture diesel, neuve ou d’occasion ? Devront-elles s’imposer un nouvel investissement pour acquérir un véhicule électrique ? Et que faire de leur diesel d’occasion, dont la valeur de revente ne pourra que s’effondrer ? Idem pour les flottes. Quel avenir pour leurs voitures diesel subitement ‘déclassées’ ? La solution est pourtant simple : il suffirait d’envisager une transition par étapes et un soutien aux automobilistes sous formes de primes de rachat pour les diesels plus anciens.  Et si nous prenons la peine de réfléchir utile, souvenons-nous qu’il existe des solutions techniques permettant de rendre d’anciens diesels aussi écologiques que les diesels actuels. Cela coûte environ 2.000 euros et réduit la puissance d’environ 20 %. Pas idéal non plus, mais quand même plus réaliste pour les automobilistes contraints de brader leur diesel, sans pouvoir racheter de voiture électrique pour autant.

Il n’est pas pensable pour un gouvernement de promouvoir le diesel pendant des années, pour tout à coup l’interdire. Ce serait le summum de l’hypocrisie. En augmentant les accises sur le diesel et en instaurant des zones basses émissions, il envoie déjà suffisamment de signaux. Des signaux qu’il reste à défendre dans une transition phasée vers des alternatives. Une exclusion pure et simple du diesel n’est rien d’autre qu’une politique ‘coup de poing’, très éloignée de la réalité économique et quotidienne des citoyens.

 

#Auto

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